23. Puisque donc beaucoup de ceux qui se consacrent à la virginité sont encore jeunes et faibles d’esprit, il leur faut avant tout s’occuper de chercher un guide pour cette route et un maître habile, de peur qu’en raison de l’ignorance qui est en eux ils ne s’engagent sur quelque route impraticable et s’égarent hors de la voie droite. Mieux vaut vivre à deux que solitaire, dit l’Ecclésiaste ; l’isolé est plus facilement vaincu par l’ennemi qui est en embuscade le long des routes divines ; et vraiment « Malheur à celui qui est seul et qui tombe sans avoir un second pour le relever » ( Eccle 4, 10 ). Déjà en effet certains, dans un louable élan, ont conçu le désir de mener une vie sainte ; et tout en prenant ce parti et touchant déjà à la perfection, ils faisaient une autre chute et tombaient par orgueil, une sorte de démence les trompant et leur faisant estimer bon ce vers quoi leur esprit les portait... Nous en avons connu de ceux-ci qui se sont imposé la faim jusqu’à ce que mort s’ensuive, estimant que Dieu agréait de tels sacrifices, et d’autres qui, passant d’une extrémité à l’autre et professant le célibat seulement de nom, ne diffèrent en rien du genre de vie du commun, et non seulement s’accordent les satisfactions de la bonne chère, mais vivent ostensiblement avec les femmes et qualifient de fraternelle cette vie en commun, cherchant à dissimuler sous un nom honnête leurs mauvaises intentions. (De la virginité)