Vie de Moïse :
L’âme délivrée de ses attaches terrestres s’élance légère et rapide vers les hauteurs, s’envolant des choses inférieures vers le ciel. Si rien ne vient d’en bas interrompre son élan (car la nature du bien a la propriété d’attirer à soi ceux qui lèvent les yeux vers elle), l’âme s’élève toujours davantage au-dessus d’elle-même, tendue par le désir des choses célestes vers ce qui est en avant, comme dit l’apôtre, et son vol la mènera toujours plus haut. Le désir, en effet, qu’elle a de ne pas renoncer, pour ce qu’elle a déjà acquis, aux sommets qui sont au-dessus d’elle, lui communique un mouvement ascensionnel qui n’a pas de cesse, où elle trouve toujours, dans ce qu’elle a réalisé, un nouvel élan pour voler plus haut. Seule en effet l’activité spirituelle a cette propriété de nourrir sa force en la dépensant et de ne pas perdre, mais d’augmenter sa vigueur par l’exercice. C’est pourquoi nous disons du grand Moïse que, allant toujours de l’avant, il n’arrête nulle part son ascension ni ne propose de limite à son mouvement vers les hauteurs, mais qu’ayant une fois mis le pied à l’échelle, sur laquelle Dieu était appuyé, comme dit Jacob, il ne cesse de monter à l’échelon supérieur, continuant toujours de s’élever, parce que chaque marche qu’il occupe dans la hauteur débouche toujours sur un au-delà.