Contre Celse - Livre 5. Nous ne disons donc pas que le corps putréfié reviendra à sa nature originelle, pas plus que le grain de blé, une fois corrompu, ne revient à son état de grain de blé. Nous tenons que, comme du grain de blé se lève un épi, il y a aussi dans le corps un principe qui n’est pas soumis à la corruption, à partir duquel le corps surgit « incorruptible ». A l’inverse, les gens du Portique soutiennent que le corps complètement putréfié revient à sa nature originelle, en vertu de leur théorie sur le retour à chaque période des êtres tout semblables ; ils disent donc qu’il retrouve cette même première constitution qu’il avait avant d’être dissous, croyant l’établir par des raisons contraignantes. Nous ne recourons pas à la plus absurde échappatoire : tout est possible à Dieu ; car nous savons entendre le mot tout sans y comprendre ce qui n’a pas d’existence ou n’est pas concevable. Nous convenons ainsi que Dieu ne peut rien faire de honteux, puisque alors Dieu pourrait n’être pas Dieu : car si Dieu fait quelque chose de honteux, il n’est pas Dieu.
Mais lorsqu’il pose : Dieu ne veut rien de contraire à la nature, nous distinguons : si par contraire à la nature on veut dire la malice, nous aussi nous disons que Dieu ne veut rien de contraire à la nature, ni ce qui provient de la malice, ni ce qui est contraire à la raison. Mais pour ce qui arrive conformément au Logos de Dieu et à sa volonté, de toute évidence cela ne doit pas être contraire à la nature ; quelles que soient les opérations de Dieu, pour extraordinaires qu’elles soient ou qu’elles paraissent aux yeux de certains, elles ne sont pas contraires à la nature. S’il faut presser les termes on dira, en prenant la nature dans son acception la plus commune, que Dieu fait bien certaines choses au-dessus de la nature : comme de promouvoir l’homme au-dessus de sa nature d’homme, de le faire se transformer en une nature supérieure et divine et l’y maintenir aussi longtemps que l’homme ainsi maintenu prouve par ses actes qu’il veut l’être.