Origène

Les belles perles conduisent à la perle de grand prix

Commentaire sur l’évangile selon saint Matthieu X
mercredi 24 octobre 2007.
 

Tu rapprocheras de ce passage : « qui cherche de belles perles », les suivants : « Cherchez et vous trouverez », et « qui cherche trouve ». Car à propos de quoi est-il dit : « cherchez », ou « qui cherche trouve » ? Oserai-je dire qu’il s’agit des perles et de la perle, celle que se procure celui qui a tout donné et accepté de tout perdre, celle à cause de laquelle Paul dit : « J’ai voulu tout perdre, pour gagner le Christ » ? et quand il dit « tout », ce sont les belles perles, et « pour gagner le Christ », c’est l’unique perle de grand prix. Or elle est précieuse la lampe pour ceux qui sont dans les ténèbres, et l’on a besoin de lampe, en attendant que se lève le soleil ; précieuse aussi la gloire dont rayonne le visage de Moïse’, ainsi que celui des autres prophètes, à mon avis du moins, et c’est un beau spectacle, car elle nous conduit à la possibilité de voir la gloire du Christ, à laquelle le Père rend témoignage en disant : « Celui-ci est mon fils, mon aimé, en qui je me suis complu. » Mais « ce qui a été glorifié de cette manière partielle perd sa gloire, en vue d’une gloire supérieure », et nous avons besoin, dans un premier temps, d’une gloire qui accepte d’être « abolie en faveur d’une gloire supérieure », de même que nous avons besoin d’une connaissance « partielle », qui « sera abolie, quand viendra le parfait ». Ainsi toute âme qui accède à la première enfance et chemine « vers la perfection », a besoin, en attendant que s’installe en elle « le plérôme des temps », d’un pédagogue, d’économes et d’intendants, afin que, après tout cela, celui qui d’abord « ne diffère en rien d’un esclave, alors qu’il est maître de tout », reçoive, une fois affranchi, de la main du pédagogue, des économes et des intendants, son patrimoine, analogue à la pierre de grand prix et « au parfait » qui vient et « abolit ce qui était partiel », au moment où il sera capable d’accéder « au degré supérieur de la connaissance du Christ », après s’être exercé aux connaissances - il faut les nommer ainsi - qui sont dépassées par la connaissance du Christ. Mais la masse, qui n’a pas compris la beauté des nombreuses perles de la loi, ni la connaissance encore « partielle » répandue dans toutes les prophéties, se figure qu’elle peut, sans que celles-ci soient éclairées et saisies parfaitement, trouver l’unique perle de grand prix et contempler « le degré supérieur de la connaissance du Christ Jésus », en comparaison duquel, tout ce qui précède cette connaissance si élevée et si parfaite, sans être par sa nature propre « de l’ordure », apparaît comme telle, car on peut le comparer au fumier que le vigneron jette au pied du figuier, pour lui faire produire du fruit.

« Donc il y a un temps pour tout, et un moment favorable pour toute oeuvre, sous le ciel », et il y a le « moment où l’on rassemble les pierres » - les belles perles - et, après ce rassemblement, celui où l’on trouve l’unique perle de grand prix, quand il convient de s’en aller vendre tout ce qu’on possède, pour acheter cette perle. De même en effet que tout homme qui veut devenir sage dans la doctrine de vérité, devra, dans un premier temps, apprendre les rudiments, progresser dans la connaissance de ces rudiments, attacher beaucoup de prix à ces rudi-ments, sans pour autant en demeurer à ces rudiments sous prétexte qu’il les a appréciés dans ses débuts, mais pro-gresser jusqu’« à la perfection », tout en témoignant sa reconnaissance à cette initiation, car elle a été nécessaire dans une première étape, de même la loi et les prophètes compris parfaitement, sont des rudiments qui conduisent à la parfaite compréhension de l’Évangile et à l’intelligence totale des actes et des paroles du Christ Jésus.



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