Histoire Lausiaque - 19, 5. Ce Moïse, les démons l’entreprirent pour le replonger dans l’ancienne habitude de l’intempérance luxurieuse. Il fut tellement tenté que, à ce qu’il racontait, peu s’en fallut qu’ils ne le détournassent de sa résolution. S’étant donc rendu auprès du grand Isidore, celui de Scété, il lui raconta sa lutte. Et Isidore lui répondit : « Ne t’afflige pas : ce sont des débuts, et c’est pourquoi ils t’ont entrepris avec plus de violence, à la recherche de ton habitude.

6. Car comme un chien dans une boucherie ne s’en écarte pas, à cause de son habitude ; mais si la boucherie est fermée et que personne ne lui donne rien, il ne s’en approche plus ; de même si toi aussi tu persistes, le démon découragé s’écartera de toi. » S’étant donc retiré, à partir de cette heure-là, il se mortifiait plus violemment, surtout pour les aliments, ne prenant rien que du pain sec pour douze onces, travaillant beaucoup et s’acquittant de cinquante prières. Ayant pourtant macéré son pauvre corps, il demeura encore plein de feu et rêveur.

7. De nouveau il s’adressa à un autre saint moine et lui dit : « Que dois-je faire, puisque les rêves de mon âme enténèbrent ma raison par habitude du plaisir ? » Il lui répondit : « Comme tu n’as pas détourné ton esprit des imaginations de ce genre, voilà pourquoi tu subis ceci. Adonne-toi aux veilles et prie à jeun, et tu en seras vite délivré. » Et lui, ayant entendu cette suggestion et étant revenu dans sa cellule, il donna sa parole de ne pas dormir de toute la nuit et de ne pas fléchir le genou.

8. Et étant resté dans sa cellule six ans, toutes les nuits il se tenait debout au milieu de sa cellule, priant sans fermer l’œil.