Jean Climaque

L’Échelle sainte - extraits sur la prière (VIII)

L’image et la ressemblance de Dieu.
samedi 2 décembre 2006.
 

7. Cet ennemi ne s’en tient pas seulement à produire en nous des pensées de blasphème contre Dieu et les choses saintes, il nous inspire encore les pensées les plus honteuses et les plus obscènes, afin que nous abandonnions la prière et que nous nous livrions au désespoir. C’est ainsi qu’il a plusieurs fois et plusieurs personnes fait interrompre leurs prières, les a détournées de la participation à la divine Eucharistie. 1074 L’Échelle Sainte : VINGT-TROISIÈME DEGRÉ

27. Mais, outre ces propriétés, elle en a d’autres qui ne sont pas moins admirables, et qu’une âme qui a le bonheur de posséder cette vertu, sait fort bien distinguer. Or toutes ces qualités, si vous en exceptez une seule, sont des indices de sa présence dans un coeur. Vous pourrez donc reconnaître avec une espèce de certitude que vous possédez l’humilité, lorsque vous vous trouverez rempli intérieurement d’une lumière inexprimable, d’un amour inénarrable pour la prière, mais surtout, lorsque cette vertu purifiera votre coeur, et le rendra incapable de juger et de condamner vos frères, même en leur voyant faire des chutes et des fautes. Le précurseur de tout ceci, c’est la haine de toute vaine gloire. 1158 L’Échelle Sainte : VINGT-CINQUIÈME DEGRÉ

La connaissance et la pensée de nos péchés et de nos chutes nous excitent au repentir, et répandent une sainte tristesse dans notre âme. En effet, celui qui a le malheur de tomber, se foule et se brise ; mais il apprend à se défier de lui-même à recourir à la prière, à mettre une humble confiance et Dieu, à s’appuyer, pour se soutenir, sur le bâton de l’espérance, et à s’en servir pour chasser le désespoir qui, comme un chien furieux, voudrait le dévorer. La connaissance de nous-mêmes est l’intelligence que nous avons acquise de notre capacité réelle et de nos moyens ; c’est encore un sentiment vif et profond de nos faiblesses et de nos péchés, L’humilité est une doctrine sainte que le Christ enseigne à ceux qui s’en rendent dignes par sa grâce, qu’il place dans l’intérieur de leur âme, comme sur un lit nuptial, et dont toute l’éloquence des hommes ne pourrait exprimer ni faire comprendre la puissance et la vertu. 1170 L’Échelle Sainte : VINGT-CINQUIÈME DEGRÉ

41. Si la fin, l’horrible perfection et le dernier degré de l’orgueil consistent à faire semblant, pour s’attirer des louanges et de la gloire, d’être orné des vertus que l’on n’a réellement pas ; le comble et la perfection de l’humilité consistent à laisser croire, afin de paraître plus vil et plus méprisable, qu’on est coupable de certaines fautes dans lesquelles on n’est pas tombé. C’est, sans doute, pour cette fin, qu’un saint religieux prit en présence de ses frères du pain et du fromage, et mangea l’un et l’autre, il prétendait par là donner à penser qu’il n’était pas aussi mortifié qu’on le croyait. C’est encore pour la même fin et pour se faire regarder comme un insensé, qu’un autre quitta ses habits pour entrer dans une ville. Il était bien loin de se conduire de la sorte, à cause de quelques mauvaises pensées ; car la modestie et la chasteté étaient son partage. Ceux qui sont humbles n’ont pas à craindre d’offenser les autres ; car ils ont reçu de Dieu, par le moyen de la prière, toutes les grâces et tous les doits nécessaires pour donner satisfaction à tout le monde. Au reste, comme toute leur inclination est pour la pratique de l’humilité, ils se mettent fort peu en peine des railleries et du blâme des hommes. Nous sommes tout-puissants dans Dieu, lorsqu’Il exauce les voeux que nous Lui adressons. 1173 L’Échelle Sainte : VINGT-CINQUIÈME DEGRÉ

Quant à ceux qui ont déjà fait quelques progrès dans la science religieuse, leur étude et leur application particulières doivent être de s’efforcer de remporter une victoire complète sur la vaine gloire et sur la colère, de nourrir et d’augmenter en eux l’espérance des biens à venir, de rendre plus parfaite la paix de leur âme et plus grande, la circonspection de leur esprit, de graver de plus en plus dans leur mémoire le souvenir et la pensée des jugements de Dieu, de perfectionner leurs sentiments de tendresse et de commisération pour leurs frères, d’exercer envers eux les devoirs de l’hospitalité avec affection et prudence, d’être plus doux et plus modérés dans les corrections, plus fervents et plus recueillis dans la prière, enfin, de mépriser entièrement les richesses. 1247 L’Échelle Sainte : VINGT-SIXIÈME DEGRÉ

51. Quant à la chasteté, à la douceur, à l’humilité, à la prière, aux veilles, aux jeûnes et à la componction, nous disons que ce ne sont pas des vertus qu’on puisse pratiquer par les seules forces de la nature. Or quelques-unes de ces vertus nous ont été enseignées par les hommes ; d’autres, par les anges ; d’autres, par le Verbe éternel de Dieu, qui nous en facilite la pratique par sa grâce. 1315 L’Échelle Sainte : VINGT-SIXIÈME DEGRÉ

52. Nous trouvons-nous dans l’indispensable nécessité de souffrir quelques maux ? la prudence nous dicte que nous devons toujours, si la chose est possible, choisir le moindre et le plus léger. Ainsi, par exemple, lorsque nous nous appliquons à la prière, s’il nous arrive quelques-uns de nos frères, faut-il alors interrompre notre saint exercice, ou faut-il, sans les saluer ni leur dire un seul mot, les laisser partir tout affligés de n’avoir pu s’entretenir un moment avec nous ? Je réponds ici que la charité est plus excellente que la prière ; car celle-ci est une vertu particulière, et celle-là renferme toutes les vertus. 1316 L’Échelle Sainte : VINGT-SIXIÈME DEGRÉ

62. Se servir de la prière pour combattre les mauvaises pensées, les repousser avec horreur, les mépriser et e triompher entièrement, ne sont pas des choses qui ne se distinguent pas entre elles. Celui qui a dit à Dieu : Venez à mon aide, ô mon Dieu ; Seigneur, hâtez-vous de me secourir (Ps 69,2), et autres paroles semblables, nous donne un exemple de ces trois choses ; le même nous fait connaître la seconde, lorsqu’il dit : Je répondrai aux injustes accusations de ceux qui me chargent de reproches (Ps 118,42), et ailleurs : Vous nous avez mis en butte à tous nos voisins, (Ps 79,7) ; enfin il nous enseigne la troisième, celui qui a proféré ces mots : J’ai mis une garde à ma bouche ; dans le temps que le pécheur s’élevait contre moi, je me suis tu et j’ai gardé le silence (Ps 38,2), et encore : Les orgueilleux agissaient avec beaucoup d’injustice à mon égard, mais je ne me suis pas détourné de votre sainte loi (Ps 118,51). Or celui qui possède la seconde de ces dispositions, a souvent besoin de recourir à la prière, parce qu’il n’est pas assez préparé ni assez fort pour résister aux démons ; celui qui se sert de la prière, sans vouloir exciter en lui l’horreur des mauvaises pensées, ne pourra jamais les chasser ni les éloigner de son esprit ; enfin celui qui possède la troisième, rejette avec dédain et décourage entièrement les démons. 1326 L’Échelle Sainte : VINGT-SIXIÈME DEGRÉ

87. Nous devons nous défier d’un démon qui, lorsque nous sommes sur le point de nous endormir, cherche à remplir notre esprit de mauvaises pensées. Il espère que, par notre négligence à les chasser et à nous armer de la prière, nous nous livrerons au sommeil avec ces pensées, et qu’elles nous occasionneront de mauvais songes pendant la nuit. 1348 L’Échelle Sainte : VINGT-SIXIÈME DEGRÉ

8. La paresse trouve son tombeau dans l’exercice continuel et fervent de la prière. Le souvenir des jugements de Dieu remplit le cœur de ferveur et de dévotion. 1452 L’Échelle Sainte : VINGT-SIXIÈME DEGRÉ

34. Comme les voleurs ne fréquentent pas les lieux où ils savent qu’on garde les armes de l’État ; de même les démons ne s’avisent pas de faire des vois aux personnes qu’ils savent être continuellement armées de la prière. 1478 L’Échelle Sainte : VINGT-SIXIÈME DEGRÉ

24. Une âme fatiguée des exercices de piété saura bien se rétablir et vaquer à la prière, et puis après reprendre ses exercices spirituels avec une ardeur toute nouvelle. 1542 L’Échelle Sainte : VINGT-SEPTIÈME DEGRÉ

35. Parmi ceux qui passent leur vie dans ces profondes solitudes, les uns travaillent spécialement à mortifier leurs passions ; les autres se livrent au chant des psaumes et emploient la plus grande partie de leur temps au saint exercice de la prière ; les autres enfin, s’appliquent à la méditation et à la contemplation des choses du cie. Ceux qui voudront connaître quelles sont les personnes les plus avancées dans la vertu et dans la perfection de la vie érémitique, pourront le faire en se servant de la comparaison prise des échelons d’une échelle. Que l’homme qui désirera donner une solution à ce problème, ne s’y applique que selon les lumières qu’il aura reçues du Seigneur. 1557 L’Échelle Sainte : VINGT-SEPTIÈME DEGRÉ

39. Les qualités, les occupations et les raisonnements des personnes qui, pour des raisons suffisantes, ont embrassé la vie solitaire, consistent dans le calme parfait de l’âme qui s’est mise à l’abri de toutes les tempêtes excitées par les vents des passions, dans des pensées saintes et pures, dans une intime union avec Dieu, dans un souvenir constant des supplices éternels, dans la pensée de la mort qui menace de près, dans un amour insatiable de la prière, dans la vigilance constante sur les sens, dans la ruine entière des affections déshonnêtes, dans l’affranchissement des appétits charnels, dans la mort à l’esprit et aux maximes du monde, dans l’indifférence pour le manger, dans la méditation des vérités surnaturelles dans les lumières d’un discernement sage et prudent dans le don des larmes d’une pénitence sincère, dans le retranchement absolu des discours vains et inutiles, et dans tout ce qui n’est pas agréable aux personnes qui ont coutume de vivre sans ordre et sans règle. 1561 L’Échelle Sainte : VINGT-SEPTIÈME DEGRÉ

44. Un solitaire qui s’amuse à combattre la paresse d’une manière directe, perd un temps qu’il emploierait bien mieux à la prière et à la méditation. 1566 L’Échelle Sainte : VINGT-SEPTIÈME DEGRÉ

46. Ne manquez pas, à toute heure, d’observer les mouvements, les tours et les détours, ainsi que la force des inclinations que vous vous sentiriez pour la tiédeur qui s’unit si intimement à l’âme, et connaissez bien d’où viennent toutes ces choses funestes, et où elles peuvent vous conduire ; mais n’oubliez pas qu’il n’y a guère que les personnes qui, par le secours du saint Esprit, sont parvenues à la tranquillité du cœur, qui soient capables de faire cet heureux discernement. 47. La première et, principale chose à laquelle un solitaire doit s’appliquer, c’est de chasser de son esprit tous les soins et toutes les inquiétudes que donnent les différentes affaires bonnes ou mauvaises. En effet, celui qui s’occupera avec passion des affaires qui sont bonnes, ne manquera pas peu à peu de s’occuper aussi de celles qui sont mauvaises. C’est ainsi qu’il fera une chute funeste. La seconde chose qui lui est nécessaire, c’est une prière continuelle et fervente ; la troisième, c’est une vigilance exacte sur son cœur, capable de le rendre invulnérable. Est-il possible pour une personne qui ne connaît même pas les lettres, de lire dans un livre ? Mais sera-t-il plus facile au solitaire qui n’aura pas la première des trois choses que, nous venons de nommer, de pouvoir acquérir les deux autres ? 1568 L’Échelle Sainte : VINGT-SEPTIÈME DEGRÉ

57. Quiconque possède heureusement le don de la prière, évite avec soin la société bruyante des hommes : il la fuit avec autant d’horreur, que les onagres ; car n’est-ce pas la prière qui le rend, en quelque sorte, sauvage lui-même, en le retirant absolument de la compagnie de ses semblables ? 1578 L’Échelle Sainte : VINGT-SEPTIÈME DEGRÉ

63. Remarquez que, comme l’attachement à sa propre volonté fait tomber le religieux qui vit sous la direction et l’autorité d’un supérieur ; de même l’omission ou l’intermission de la prière occasionne des chutes au religieux solitaire. 1584 L’Échelle Sainte : VINGT-SEPTIÈME DEGRÉ

65. La prière de cette pauvre veuve qui était vexée par le créancier impitoyable, doit être le modèle de la vôtre. Le grand Arsène, ce digne émule des anges, est l’exemple que tous les cénobites doivent suivre ; cherchez donc à imiter dans votre solitude le genre de vie qu’il menait dans la sienne, et ne perdez jamais de vue que cet ange de la terre, afin de ne pas manquer aux ordres de la Providence, et de ne pas se priver des saintes communications qu’il avait avec Dieu, ne craignait pas de congédier souvent les personnes qui venaient le visiter pour le consulter. 1586 L’Échelle Sainte : VINGT-SEPTIÈME DEGRÉ

68. Quelqu’un disait autrefois : Je découvrirai, en jouant sur ma harpe, ce que j’ai à vous proposer (Ps 78,5), c’est-à-dire, je ferai connaître ainsi mon sentiment à cause de la faiblesse de mon jugement ; et moi, j’offrirai à Dieu ma volonté tout entière dans une prière fervente et je suis assuré qu’Il m’exaucera et me fera comprendre quels sont ses desseins adorables sur moi. 1589 L’Échelle Sainte : VINGT-SEPTIÈME DEGRÉ

92. Vous devez pendant la nuit consacrer à la prière et à la méditation tout le temps dont vous pourrez disposer. Quant à la psalmodie, vous n’y emploierez que quelques moments. Préparez-vous ensuite à bien remplir tous vos exercices de la journée. 1613 L’Échelle Sainte : VINGT-SEPTIÈME DEGRÉ

102. J’avais dessein de conseiller ici aux personnes nouvellement entrées dans un monastère, de s’appliquer à des travaux incapables de les détourner de la prière ; mais l’exemple de ce religieux qui pendant la nuit portait du sable dans son manteau, m’en a empêché. 1622 L’Échelle Sainte : VINGT-SEPTIÈME DEGRÉ



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