Les Conférences

Mansuétude

dimanche 24 juin 2007.
 

L’une des béatitudes exaltées par la bouche de notre Sauveur nous rend cette vérité manifeste : « Heureux les doux, parce qu’ils posséderont la terre. » (Mt 5,4). Nous n’avons point d’autre moyen de posséder notre terre, c’est-à-dire de soumettre à notre empire la terre rebelle de notre corps, que de fonder tout d’abord notre âme en la douceur de la patience ; dans les combats que la passion suscite à notre chair, le triomphe ne s’obtient que si l’on revêt les armes de la mansuétude : « Les doux, dit le prophète, posséderont la terre, » et « ils y demeureront à jamais. » (Ps 36,11 et 29). Puis, il nous enseigne, dans la suite du psaume, la méthode pour conquérir cette terre : « Attends le Seigneur et garde sa voie ; il t’élèvera, et tu posséderas la terre en héritage. » (Ps 36,34). Les Conférences : DEUXIÈME CONFÉRENCE DE L’ABBÉ CHEREMON

Mais, lorsque le Seigneur, imposant silence aux guerres, l’aura délivré de tous les emportements de la chair, il parviendra à un merveilleux état de pureté. La confusion s’évanouira, qui lui donnait de l’horreur pour lui-même, je veux dire pour sa chair, durant qu’il en était combattu ; et il commencera d’y prendre ses délices comme dans une demeure très pure. « Le mal ne viendra pas jusqu’à lui ; nul fléau n’approchera de sa tente. » (Ps 90,10). Par la vertu de patience se trouvera rempli l’oracle prophétique : le mérite de sa mansuétude lui aura donné la terre en héritage, et plus encore, « il goûtera les délices d’une paix débordante. » (Ps 36,11). Tandis qu’il n’y a point de paix débordante pour l’âme où survit l’inquiétude du combat. Car remarquez qu’il n’est pas dit : Ils goûteront les délices de la paix ; mais « d’une paix débordante ». Les Conférences : DEUXIÈME CONFÉRENCE DE L’ABBÉ CHEREMON

D’autres se plaisent au service de charité qui se rend aux étrangers dans les hôpitaux. C’est par cette vertu de l’hospitalité qu’autrefois déjà le patriarche Abraham et Loth plurent au Seigneur, et récemment le bienheureux Macaire. Cet homme, d’une mansuétude et d’une patience singulières, dirigea un hospice à Alexandrie. Il le fit de telle manière, qu’on ne doit le regarder comme inférieur à aucun des amants de la solitude. Les Conférences : PREMIÈRE CONFÉRENCE DE L’ABBÉ NESTEROS

Rien ne vous servirait, en effet, d’affirmer que vous n’avez point, quant à vous, de colère, et de vous persuader que vous remplissez ce commandement : « Que le soleil ne se couche pas sur votre colère », (Ep 4,26). « Quiconque se met en colère contre son frère méritera d’être puni par les juges, » (Mt 5,22) si vous méprisez d’un coeur superbe et dur la tristesse de votre prochain, quand votre mansuétude aurait pu l’adoucir. Vous encourez au même titre le reproche de prévarication contre le précepte du Seigneur ; car Celui qui a dit que vous ne deviez pas entrer en colère contre votre prochain, a dit du même coup que vous ne deviez pas faire fi de sa tristesse. Que vous vous perdiez vous-même oui un autre, cela ne fait point de différence aux yeux de Dieu, « qui veut que tous les hommes soient sauvés. » (1 Tim 2,4). Quel que soit celui qui périt, c’est pour lui un même dommage. Pareillement, celui qui trouve tant de plaisir à l’universelle perdition, retire un même gain de votre mort éternelle ou de celle de votre frère. Les Conférences : PREMIÈRE CONFÉRENCE DE L’ABBÉ JOSEPH

Conservez donc la véritable humilité du coeur, laquelle ne consiste pas en démonstrations et paroles affectées, mais dans un abaissement profond de l’âme. Elle brillent par votre patience, qui en sera le signe le plus évident. Et cela, non point lorsque vous clamerez sur votre sujet des crimes que personne ne croira, mais lorsque vous demeurerez insensible aux accusations arrogantes que l’on débitera contre vous, et supporterez en toute mansuétude et égalité d’âme les injures qui vous seront faites. Les Conférences : CONFÉRENCE DE L’ABBA PIAMUN

GERMAIN. - Nous voudrions savoir comment s’acquiert et se conserve la tranquillité dont vous parlez. Nous commander le silence, tenir nos lèvres closes et réprimer toute licence de paroles : c’est bien. Mais il faudrait garder aussi la douceur du coeur. Or parfois, alors même que l’on parvient il refréner sa langue, on perd au-dedans sa paix. Et voilà pourquoi il nous paraît impossible de conserver le bien de la mansuétude, à moins de vivre solitaire dans une cellule écartée. Les Conférences : CONFÉRENCE DE L’ABBA PIAMUN

On eut moins de peine à la trouver que la première. On la lui donne. Elle la prend chez elle, et commence à la servir avec la même diligence et même avec plus de zèle que la précédente. Mais pour tant de bons offices elle ne reçoit, en guise de remerciement, qu’indignes outrages, invectives et reproches sans trêve. Cette femme la prenait violemment à partie avec des propos insultants, lui reprochant de l’avoir demandée à l’évêque, non pour lui donner du soulagement, mais afin de la tourmenter et de lui faire des affronts. Au lieu de lui changer la peine en repos, c’était bien plutôt le contraire qui était arrivé. De querelle en querelle, la mégère s’emporte jusqu’aux coups. L’autre redouble de prévenances et de volontaire abaissement. Elle s’apprenait à vaincre cette furie, non par la résistance, mais en se soumettant plus humblement ; et, cependant qu’elle était harcelée d’indignités, elle cherchait à calmer par la mansuétude de sa charité la rage insensée de la querelleuse. Les Conférences : CONFÉRENCE DE L’ABBA PIAMUN

Aussi, le bienheureux Apôtre, afin d’exprimer évidemment qu’il avait parlé des saints, des parfaits, de ceux, en un mot, qui lui ressemblaient, poursuit immédiatement, comme s’il se désignait du doigt : Ainsi donc, moi-même... (Rm 7,25). Ce qui équivaut à dire : Moi qui vous parle de la sorte, ce ne sont pas les mystères de la conscience d’autrui, mais ceux de la mienne propre, que je prétends vous découvrir. Aussi bien, ce lui est une coutume familière de faire usage de locutions de ce genre, lorsqu’il veut se désigner spécialement : Moi Paul, je vous conjure par la mansuétude et la modestie du Christ (2 Co 10,1) ; et de nouveau : Si ce n’est que pour moi, je n’ai point voulu vous être à charge (Ibid., 12,13) ; ou : Eh bien, soit ! pour moi, je ne vous ai pas été à charge (Ibid., 16) ; ailleurs : C’est moi Paul qui vous le dis : si vous vous faites circoncire, le Christ ne vous servira de rien (Gal 5,2) ; aux Romains enfin : Je souhaiterais d’être moi-même anathème du Christ pour mes frères (Rm 9,3). Les Conférences : TROISIÈME CONFÉRENCE DE L’ABBA THÉONAS



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