30. Quand les démons, ou même les hommes, nous donnent des louanges sur notre retraite comme d’une action forte et généreuse, c’est afin de nous en faire concevoir un sentiment d’orgueil. Chassons promptement cette tentation, en pensant que pour l’amour de nous et à cause de notre salut, le Fils de Dieu a bien daigné quitter les splendeurs éternelles de sa Gloire et venir habiter humblement sur la terre ; et nous connaîtrons que, quand nous vivrions une éternité, nous ne serions pas capables de rien faire de semblable pour Lui témoigner notre reconnaissance. 114 L’Échelle Sainte : TROISIÈME DEGRÉ
5. Vous qui, pour courir plus vite et plus facilement, vous préparez à vous décharger de tout ; qui désirez vous charger du joug de Jésus Christ ; qui cherchez par le moyen de l’obéissance à vous défaire du lourd fardeau que vous avez porté ; qui, pour jouir de la seule véritable liberté, voulez vous rendre esclaves de la volonté des autres ; qui, soutenus et protégés par le secours des autres, tâchez de traverser la mer immense qui sépare le temps de l’éternité : sachez, et ne l’oubliez jamais, que vous avez choisi le chemin le plus court et le plus sûr, quoique le plus difficile et le plus raboteux, et qu’en le suivant, vous ne pouvez vous égarer qu’autant que vous vous laisseriez aller à prendre confiance en votre propre jugement, et que vous refuseriez de vous laisser conduire par vos supérieurs. En effet, ils sont tous parvenus au but heureux qu’ils se proposaient, ceux qui, dans les choses bonnes, religieuses et agréables à Dieu, ont été dirigés par les lumières et la sagesse de leurs directeurs : car l’obéissance consiste essentiellement, en toute chose, à se défier de soi-même jusqu’à la fin de la vie. 145 L’Échelle Sainte : QUATRIÈME DEGRÉ
18. Enfin, on les voyait tous dans l’immobilité fixés sur la pensée de la mort, se dire à eux-mêmes : Que nous arrivera-t-il au moment de notre dernière heure ? Quel sera notre jugement ? Que deviendrons-nous pendant l’éternité ? De cette terre d’exil passerons-nous au ciel, notre chère patrie ? Peut-il encore y avoir quelque espérance pour de misérables pécheurs ensevelis dans les ténèbres et couverts de confusion ? Nos prières et nos larmes ont-elles pu monter jusqu’au trône de la divine Miséricorde ? Ah ! Que nous avons de motifs de penser et de croire qu’elles ont été rejetées, méprisées et frappées d’un ignominieux dédain ! Et, si elles ont été reçues favorablement, ont-elles été capables d’apaiser la juste Colère de notre Juge ? De combien ont-elles fait avancer l’heure de notre réconciliation avec Dieu ? Dans quel état nous ont-elles mis en sa sainte Présence ? Quelles faveurs et quelles grâces nous ont-elles procurées ? Hélas ! nos bouches impures et criminelles, nos corps de péchés ont certainement bien pu paralyser leur efficacité. Nous auraient-elles entièrement, ou seulement un peu, réconciliés avec notre souverain Juge ? Serions-nous au moins déchargés de la moitié de nos iniquités et guéris de la moitié de nos plaies spirituelles ? Ah ! qu’elles sont énormes les dettes que nous avons contractées ? Et quels travaux n’avons-nous pas à supporter ! Quelles satisfactions à offrir pour nous en acquitter ? Est-ce qu’enfin nos anges gardiens, que nous avions si indignement chassés, se sont rapprochés de nous ? N’en seraient-ils pas encore fort loin ? Hélas ! tant que ces esprits célestes ne daigneront pas revenir auprès de nous, nos efforts et nos travaux ne nous serviront de rien, nous serons toujours sans espérance d’être délivrés et de recouvrer la précieuse liberté des enfants de Dieu (cf Rom 8.21), nos prières ne pourront nous inspirer aucune confiance bien fondée, elles n’auront pas la sainteté requise pour arriver vers le trône du Seigneur ; car il est nécessaire que ce soient nos anges, devenus de nouveau nos amis, qui les présentent à Dieu avec leurs, mains pures et saintes. 364 L’Échelle Sainte : CINQUIÈME DEGRÉ
23. Mais quel horrible et effrayant spectacle on avait sous les yeux, lorsque quelqu’un de ces saints pénitents touchait à sa dernière heure ! Alors tous ses fervents compagnons venaient entourer son lit de mort ; et ces hommes, dévorés par une soif brûlante, en proie à la plus cruelle affliction, enflammés par l’ardeur et la vivacité de leurs désirs et de leurs voeux, lui exprimaient, par une contenance qui inspirait la compassion, par leurs paroles lamentables, par leurs mouvements de tête, les sentiments de la plus tendre et de la plus grande commisération. "Qu’y a-t-il, ô notre cher frère, ô notre tendre compagnon, lui disaient-ils avec une tendresse qui allait au coeur, qu’y a-t-il de nouveau pour vous ? Comment vous trouvez-vous en ce moment ? Qu’auriez-vous à nous dire ? Quelles sont vos espérances ? Quelles sont vos affections et vos pensées ? Avez-vous lieu de croire que vous ayez obtenu ce que vous avez cherché avec tant de peine et d’ardeur, ou bien auriez-vous travaillé sans succès ? Êtes-vous enfin parvenu au port du salut, ou bien auriez-vous encore à craindre un triste naufrage ? Êtes-vous directement arrivé au but de votre voyage, ou bien vous seriez-vous égaré ? Concevez-vous une espérance certaine d’avoir reçu le pardon de vos péchés, ou n’auriez-vous encore qu’une assurance fort incertaine de votre salut ? Vous trouvez-vous dans une parfaite liberté d’esprit et de coeur ou seriez-vous encore dans le trouble et les angoisses ? Votre âme a-t-elle été éclairée des lumières consolantes du ciel ou serait-elle encore dans les ténèbres et dans la nuit de la confusion ? Auriez-vous enfin entendu intérieurement ces paroles : Tu es guéri (Jn 14) ; tes péchés te sont remis (Mt 8) ; ta foi t’a sauvé (Mc 5)" ? ou bien ces sentences terribles : Que les pécheurs soient précipités dans les enfers (Ps 9) ; liez-lui les pieds et les mains, et jetez-le dans les ténèbres extérieures (Mt 22) ; qu’on enlève l’impie, car il ne verra pas la Gloire du Seigneur dans son temple (Is 22) ? Quelles réponses, ô notre cher frère, pouvez-vous faire à toutes nos questions ? Parlez-nous sans détour et franchement, afin que nous puissions un peu connaître le sort qui nous attend nous-mêmes, car pour vous, le temps de la vie va finir, et quand une fois on est entré dans l’éternité, il n’y a plus de temps. Alors quelques-uns répondaient par ces paroles. Que Dieu soit béni à jamais ; car il n’a pas rejeté ma prière ni retiré sa Miséricorde de dessus moi (Ps 45). D’autres répondaient : Béni soit le Seigneur, qui ne nous a pas laissés en proie à la fureur ni à la voracité des dents cruelles de nos ennemis. (Ps 123) D’autres, pressés par la douleur de leur coeur, se contentaient de dire : Notre âme pourrait-elle bien passer ce torrent impétueux, dans lequel les puissances de l’enfer cherchent à la perdre ? (Ps 123). Or ceux-ci parlaient de la sorte, parce qu’ils n’étaient point assez assurés de leur salut, et qu’ils craignaient le compte terrible qu’ils étaient sur le point de rendre à Dieu. D’autres, enfin, faisaient une réponse bien plus affligeante : "Malheur à nous, s’écriaient-ils ; malheur à l’âme qui n’a pas gardé les voeux de sa profession ! Voici l’heure unique à laquelle elle puisse savoir ce qu’elle a mérité pour l’éternité." 370 L’Échelle Sainte : CINQUIÈME DEGRÉ
Vous êtes monté par la pénitence sur le cinquième degré ; vous avez donc par son secours purifié les cinq organes de votre corps, et, par des satisfactions volontaires, vous avez évité les peines et les supplices que vous aviez mérité de souffrir dans l’éternité. 406 L’Échelle Sainte : CINQUIÈME DEGRÉ
41. Celui donc qui passe sa vie à répandre des larmes constamment agréables à Dieu, célèbre tous les jours de nouvelles fêtes spirituelles ; tandis que celui qui coule ses jours dans les plaisirs et dans les joies profanes, pleurera dans les siècles infinis de l’éternité. 490 L’Échelle Sainte : SEPTIÈME DEGRÉ
Nous devons donc mépriser ses attaques, les fouler aux pieds, n’y faire aucun attention et nous contenter de lui répondre avec notre Seigneur : Retire-toi, Satan ; car il est écrit : "Vous adorerez le Seigneur votre Dieu, et vous ne servirez que Lui seul." (Mt 4,10). Quant à tes paroles et aux efforts que tu fais pour m’ébranler, tout retombera sur toi ; oui, infâme, c’est sur ta tête que tomberont, et dans le temps présent et dans l’éternité, les blasphèmes que tu veux m’inspirer. 1077 L’Échelle Sainte : VINGT-TROISIÈME DEGRÉ
40. J’entendis un jour un saint homme dire dans la ferveur que lui inspirait sa profonde humilité : Ne nous donnez " point, Seigneur, non, ne nous donnez point la gloire, mais donnez-la tout entière à votre saint Nom. (Ps 113,9) Il connaissait par sa propre expérience que notre nature est si faible, qu’elle est dans l’impossibilité de se préserver, par ses propres forces, des blessures que les ennemis du salut veulent lui faire. Vous serez, ô mon Dieu, le sujet de mes louanges dans une grande assemblée (Ps 21,26), c’est-à-dire, dans les siècles infinis de l’éternité ; car pour nous, devons-nous ajouter, nous ne pouvons recevoir de la gloire avant la vie future, sans que nous soyons misérablement exposés à nous perdre par la vanité qu’elle nous inspirerait. 1172 L’Échelle Sainte : VINGT-CINQUIÈME DEGRÉ
160. Il n’y a pas de doute que la charité ne doive vous porter à procurer quelque consolation et quelque adoucissement aux vieillards véritables qui ont passé de longues années dans les exercices de la vie religieuse et qui ont usé leur corps dans les jeûnes et les austérités ; mais cette même charité doit vous engager fortement à porter à la pratique de la continence par tous les moyens possibles, et surtout par la pensée des jugements de Dieu, de l’éternité et des supplices de l’enfer, les jeunes gens qui, par les péchés innombrables de leur jeune vie, ont eu le malheur de si fort maltraiter leurs pauvres âmes. 1429 L’Échelle Sainte : VINGT-SIXIÈME DEGRÉ
42. Comme un homme qui combat contre un lion furieux, ne saurait détourner les yeux de cet ennemi dangereux, sans s’exposer à être dévoré ; de même celui qui combat contre sa propre chair ne peut détourner ailleurs les yeux de son attention et de sa vigilance, sans se mettre dans un péril éminent de se perdre pour l’éternité. 1486 L’Échelle Sainte : VINGT-SIXIÈME DEGRÉ
52. Le plus petit objet dans les yeux fatigue et trouble la vue, et le moindre soin inquiétant trouble la paix et le repos de la solitude ; car la vie érémitique consiste essentiellement à mettre de côté toutes les pensées et toutes les inquiétudes de la vie présente, même celles qui paraissent justes et permises, afin de ne s’occuper que de la grande affaire de l’éternité. 1573 L’Échelle Sainte : VINGT-SEPTIÈME DEGRÉ
27. Si vous vous élevez au dessus de l’amour du siècle et des plaisirs de la terre, vous rejetterez loin de vous toutes les inquiétudes de la vie présente, vous débarrasserez votre esprit de toutes les pensées vaines et inutiles, et vous renoncerez à votre propre corps. La prière, en effet, n’est autre chose qu’un renoncement parfait à tout ce qui tient à ce mondé présent ; c’est un oubli de toutes les choses que nous y voyons ou que nous n’y voyons pas, de celles qui sont corporelles, ainsi que de celles qui sont incorporelles. Disons donc à Dieu : Qu’y a-t-il dans le ciel pour moi, ô mon Dieu ? rien ; eh ! qu’ai-je à désirer sur la terre, si ce n’est vous, ô le Dieu de mon coeur et mon unique partage pour l’éternité ? Ce que je désire uniquement, c’est d’être si fortement uni à vous par la prière, que je ne puisse jamais en être séparé. Que les uns souhaitent et cherchent les richesses et les grandes possessions ; les autres, la gloire et les honneurs : pour moi je n’ai d’autre bien ni d’autre avantage à désirer que d’être uni et attaché à mon Dieu et de placer en Lui seul toutes mes espérances et toute l’impassibilité de mon âme. (cf. Ps 72,25-28). 1659 L’Échelle Sainte : VINGT-HUITIÈME DEGRÉ
37. La charité obtient le don de prophétie et de miracles elle est une source intarissable de lumières divines, un foyer de flammes célestes qui plus elles se répandent en abondance dans notre coeur, plus elles l’enflamment et le consument ; elle fait maintenant le bonheur des anges, et nous fait avancer nous-mêmes en gloire pour l’éternité. 1764 L’Échelle Sainte : TRENTIÈME DEGRÉ