Jean Climaque

L’Échelle sainte - extraits sur la bonté (I)

La bonté
samedi 2 décembre 2006.
 

21. Oui, je le répète, ils doivent endurer bien des travaux, dévorer bien des afflictions, principalement ceux qui ont eu le malheur de vivre sans penser aucunement à leur salut, s’ils veulent que leur coeur, après n’avoir eu que trop de ressemblance avec les chiens, qui ne se plaisent qu’à manger et à japer, puisse parvenir à la simplicité, à la douceur, à la patience, au zèle, à la ferveur, à la tempérance, à la pureté, et à l’amour du salut éternel. Cependant, aussi dépendants que nous soyons à nos penchants, aussi graves que soient les maladies de notre âme, gardons-nous bien de perdre courage ; mettons, au contraire, en Dieu une confiance pleine et entière. Ainsi, alors même que nous nous sentons faibles, soutenus par la fermeté d’une foi inébranlable, présentons-nous devant le Christ, et, avec une grande simplicité et une profonde humilité, exposons-lui notre faiblesse et nos misères, l’abattement de notre âme et de notre corps ; et, tout indignes que nous en soyons, il nous tendra la Main avec bonté, et nous prendra sous sa puissante Protection avec une tendre charité. 25 L’Échelle Sainte : PREMIER DEGRÉ

13. Prenons donc garde avec un soin tout particulier que, tout en croyant et en disant que nous marchons par la voie étroite et difficile, nous ne marchions en effet par la voie large et spacieuse. Or les marques par lesquelles nous connaîtrons que nous sommes dans le chemin qui conduit au ciel, sont la mortification dans le manger, les veilles, la privation même de l’eau pour boire, et du pain pour manger, l’amour des humiliations, la patience dans les injures, les railleries et les outrages, le renoncement à sa propre volonté, la douceur dans les reproches et les affronts, le silence de la bouche et du coeur dans les mépris qu’on fait de nous, la parfaite tranquillité au milieu des traitements les plus mauvais, le courage constant à supporter, avec bonté ceux qui nous font des choses injustes, qui nous noircissent par la médisance, qui nous couvrent d’ignominies, et nous condamnent injustement. Heureux ceux qui, étant entrés dans la vie religieuse, suivent cette voie ! Car "le royaume des cieux leur appartient." (Mt 5,9-12). 71 L’Échelle Sainte : DEUXIÈME DEGRÉ

24. Parmi ces hommes respectables et dignes d’une éternelle mémoire, j’ai encore remarqué certains vieillards dont la tête était blanchie par les années, et qui ressemblaient plutôt à des anges qu’à des hommes. Or, ces vieillards, conduits et dirigés par l’esprit de Dieu, sanctifiés par les efforts continuels de leur bonne volonté, étaient arrivés au plus haut degré d’innocence, de simplicité et de sagesse ; car, alors que les fourbes présentent deux faces : une qui paraît et qu’on peut voir, et une autre qui est cachée et invisible, l’homme ami de la simplicité ne présente, lui, qu’une seule et même face, et se manifeste tel qu’il est. Ces vieillards étaient encore bien loin d’annoncer l’affaiblissement de la raison et de montrer la moindre chose qui portât le caractère de cette puérile légèreté qui fait que, dans le siècle, les vieillards se font si souvent mépriser. Aussi ne voyait-on en eux qu’une douceur charmante, une bonté ravissante et une gaieté pleine de gravité ; on ne remarquait rien dans leur conduite ni dans leurs conversations, qui soit dissimulé, étudié, faux, ou peu sincère ; chose qu’il est bien rare de trouver parmi les hommes. Leur sainte âme n’avait qu’une seule ambition, c’était de se reposer en Dieu et d’obéir à leur supérieur ; c’est pourquoi, tandis qu’à l’égard de leur abbé, ils étaient comme de petits enfants sans malice et sans fraude, ils étaient pleins de vigueur et de courage contre les démons et les vices, et les poursuivaient les uns et les autres avec une espèce de fureur. 171 L’Échelle Sainte : QUATRIÈME DEGRÉ

29. Or, comme je suis très malicieux, je ne manquais pas de chercher l’occasion de parler à ce vénérable vieillard, pour lui demander à quoi il pensait pendant qu’il était ainsi debout devant la table. "Je regardais, me répondit-il, Jésus Christ dans la personne de mon supérieur ; aussi ne considérais-je pas le commandement qui m’était imposé comme venant d’un homme, mais comme venant de Dieu ; c’est pourquoi, mon cher père Jean, j’étais bien loin de croire que j’étais debout auprès d’une table, autour de laquelle étaient assis de simples mortels ; mais



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