La pureté du regard

mercredi 17 décembre 2008.

« Heureux ceux qui ont le cœur pur, car ils verront Dieu ». Oui, heureux, vraiment heureux, puisqu’ils verront celui que les anges sont avides de contempler, celui dont la vue constitue la vie éternelle. « Mon cœur vous a parlé, mon visage vous a cherché, je chercherai votre face, Seigneur [1]. Qu’y a-t-il au ciel pour moi, et sur la terre que désiré-je ? Mon cœur et ma chair ont défailli, ô Dieu de mon cœur et mon partage à jamais ! » [2] Ah ! quand me comblerez-vous de joie en me découvrant votre visage ? Malheur à moi à cause de l’impureté de mon cœur ! C’est elle qui m’empêche d’être admis à cette vision bienheureuse.

O mes frères, quelle sollicitude et quel zèle il faut donc mettre à purifier cet œil destiné à voir Dieu !

Or je me sens triplement souillé, et par la concupiscence de la chair, et par la concupiscence de la gloire temporelle, et par la conscience de mes péchés passés. Il s’élève en effet en mon âme des mouvements qui ont leur source dans ces deux concupiscences, et ni la raison, ni ma force personnelle ne sauraient les éteindre, tant que j’habite ce monde pervers, tant que je reste enchaîné dans ce corps de mort. Cependant, à ces fanges j’oppose le remède de la prière ; et comme le serviteur tient ses regards fixés sur les mains de son maître, nos yeux s’élèvent vers le Seigneur notre Dieu jusqu’à ce qu’il nous prenne en pitié, lui qui seul est pur et qui veut purifier un être issu d’un germe immonde. Ainsi encore le remède de la confession a été établi contre la conscience du péché, car la confession efface toutes les souillures. Tels sont donc les moyens qui purifient l’œil du cœur : la prière et la confession.

Or, « heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu ». Ils le verront à la fin de la vie face à face ; ils le verront aussi présentement, mais dans un miroir, en énigme : car aujourd’hui la connaissance qu’ils ont de Dieu est partielle, plus tard elle sera totale. Tout homme dans la conscience duquel le péché vit encore enfermé, ou pèche par espérance et s’imagine que ses péchés déplaisent peu à Dieu, ou pèche par désespoir en se représentant Dieu sans miséricorde. Dans ces deux cas il mérite d’entendre ce langage : « Homme d’iniquité, tu as cru que je te ressemblerai » [3]. Cet homme ne voit pas Dieu, l’iniquité se ment à elle-même, elle se forge une idole en place de la réalité. Mais bienheureux ceux qui ont le cœur pur, car seuls ils voient Dieu, seuls ils ressentent sa bonté. Dieu est véritablement bon, et nul n’est bon que lui. « Heureux ceux qui ont le cœur pur, car ils verront Dieu ». Malheureux donc Adam et Eve qui ont cherché dans des paroles de malice une excuse à leurs péchés ; en fuyant la confession et la purification qui en est la suite, ils restent le cœur immonde, et les voilà rejetés loin de la face du Seigneur. (Premier sermon pour la Toussaint, 13.)

Voir en ligne: JesusMarie.

[1] Ps. XXVI, 8.

[2] Ps. LXXII, 25-26.

[3] Ps. XLIX, 21



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