LES SEPT DEGRÉS DE L’ÉCHELLE D’AMOUR SPIRITUEL

Ruysbroeck : PAUVRETÉ ET AVARICE

DU DEUXIÈME DEGRÉ D’AMOUR.
mardi 10 mars 2015.
 

Le premier fruit de la bonne volonté est la pauvreté volontaire, qui constitue le deuxième degré par lequel nous nous élevons sur l’échelle de la vie d’amour.

L’homme volontairement pauvre, en effet, mène une vie libre et dépouillée de souci pour tous les biens terrestres, quels que soient ses besoins. C’est un sage marchand ; il a donné la terre pour le ciel, selon la sentence de Notre-Seigneur : « On ne peut servir Dieu et les richesses du monde. » C’est pourquoi, abandonnant tout bien capable de l’attacher à la terre, il a fait volontairement choix de la pauvreté. Tel est le champ où l’on trouve le royaume de Dieu ; car bienheureux est le pauvre volontaire, le royaume de Dieu est à lui !

Ce royaume de Dieu est amour et charité, en même temps qu’application à toutes bonnes œuvres. L’homme y doit être prodigue de soi-même, miséricordieux, clément et secourable, véridique et bon conseiller envers quiconque réclame son aide, de sorte qu’au jugement de Dieu, il puisse montrer qu’avec ses riches dons il a opéré les œuvres de miséricorde. Car des biens terrestres il ne garde rien en propre pour lui-même ; tout ce qu’il a est commun à Dieu et à la famille de Dieu. Bienheureux est ce pauvre volontaire qui ne possède rien de ce qui passe il suit le Christ et il aura pour récompense le centuple en vertus il vit dans l’attente de la gloire de Dieu et de la vie éternelle.

L’avare, au contraire, est vraiment insensé : il donne le ciel pour la terre, bien qu’il doive la perdre.

Le pauvre d’esprit monte au ciel
le misérable avare tombe dans l’enfer.
Le chameau peut-il passer par le trou d’une. aiguille ?
Alors le misérable avare peut entrer dans le ciel.

Et même en demeurant pauvre de biens terrestres, s’il ne recherche Dieu et meurt dans son avarice, il est à jamais perdu.

L’avare préfère l’écorce au fruit et la coque à l’œuf.
Qui possède l’or et aime biens terrestres
prend du poison qui donne mort
et boit une eau d’éternelle tristesse :
plus il boit, plus il a soif,
plus il a, plus il veut avoir.
Possède-t-il beaucoup, il n’est pas satisfait ;
car il lui manque tout ce qu’il voit,
et ce qu’il a lui semble rien.
À peine quelqu’un l’aime-t-il,
car qui est avare n’en est pas digne.
Il est bien comme les griffes du diable :
ce qu’il saisit, il ne le lâche pas :
il faut qu’il garde jusqu’à la mort
tout ce qu’il a pris par ruse.
Et pourtant il le perd alors :
ensuite c’est le malheur éternel,
car l’avare ressemble à l’enfer,
qui lorsqu’il prend n’est jamais satisfait ;
qu’il ait beaucoup, il n’en est pas meilleur.
Tout ce qu’il saisit, il l’enserre,
et sa gueule est toujours béante
pour recevoir les hôtes d’enfer.
Gardez-vous donc de l’avarice :
elle est la racine de tout péché et de tout mal.



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