Jean Climaque

L’Échelle sainte - extraits sur l’orgueil

L’orgueil
samedi 2 décembre 2006.
 

5. Dans la vie religieuse, on rencontre des personnes qui par orgueil, méprisent ceux qui vivent dans le monde, et elles s’élèvent au dessus d’eux. On en rencontre encore qui les méprisent dans le seul dessein d’étouffer en elles-mêmes les pensées de découragement qu’elles éprouvent, et de se fortifier dans l’espérance et la confiance en Dieu. 62 L’Échelle Sainte : DEUXIÈME DEGRÉ

8. Si donc il vous vient quelques pensées de juger et de condamner votre directeur, rejetez-les avec autant d’horreur que vous devez rejeter la pensée de faire une action déshonnête avec une vierge. Cette tentation est une vipère de l’enfer, à laquelle vous devez fermer toute entrée, toute ouverture, et refuser toute place dans votre coeur. Dites avec un saint orgueil, à ce dragon : "Sache, infâme imposteur, que je n’ignore pas que ce n’est pas moi qui ai reçu le pouvoir de juger les actions de mon père spirituel, et que je sais parfaitement que c’est lui qui a le droit incontestable de juger les miennes." 148 L’Échelle Sainte : QUATRIÈME DEGRÉ

90. Lorsque vous vous trouvez au milieu de vos frères, vous devez bien prendre garde de paraître plus juste et plus sage qu’eux, dans quelque chose que ce soit ; autrement vous feriez deux grands maux : d’abord, vous fatigueriez sensiblement vos frères par cette justice fausse et qui n’est qu’ apparence ; et ensuite vous n’en retireriez pour vous-même qu’une sotte vanité et un fol orgueil. 278 L’Échelle Sainte : QUATRIÈME DEGRÉ

3. L’insensibilité n’est-ce pas à un philosophe insensé qui, en donnant des leçons aux autres, prononce sa propre condamnation ; à un avocat qui parle contre sa propre cause ; à un médecin aveugle qui, tout en faisant de longues et savantes dissertations sur les moyens de guérir un malade, ne cesse d’agrandir et d’envenimer ses plaies et d’augmenter son mal ? En effet on l’entend parler avec zèle et science de la maladie de son âme, et on ne le voit jamais s’abstenir des choses qui l’entretiennent ; il demande à Dieu de l’en délivrer, et, par ses mauvaises habitudes dans lesquelles il ne cesse de tomber, il s’enfonce et s’engage plus avant dans l’abîme ; s’indigne contre lui-même : eh ! le malheureux ! ne rougit plus des reproches amers qu’il se fait ; il sait encore qu’il fait mal, il le dit même, et il ne prend pas les moyens de se corriger ; il parle de la mort, et il vit comme s’il ne devait jamais mourir ; il pousse de longs gémissements sur les suites terribles et inévitables de la mort, et il est tranquille, comme s’il n’avait rien à craindre et qu’il fût immortel ici bas ; il traite des avantages précieux et des fruits salutaires de la mortification, et il n’hésite pas de se livrer sans scrupule aux excès et aux délices de la bonne chère ; il lit souvent ce qui regarde le jugement dernier, et il est assez insensé pour n’en faire aucun cas, et même pour en plaisanter ; il parcourt, en lisant, ce qui est écrit de la vaine gloire, et cette lecture même augmente ce vice dans son misérable coeur ; il donne des louanges aux veilles, et lui-même se plonge dans les douceurs du sommeil ; il relève avec éloquence la vertu et l’excellence de la prière, et cependant il l’a en horreur et ne se livre à ce saint exercice qu’avec une extrême répugnance et par force : elle fait son supplice et son tourment. Il loue et exalte l’obéissance, et il est le premier à désobéir ; il prodigue les éloges les plus pompeux à ceux qui n’ont aucune affection pour les biens fragiles et périssables de ce monde, et il n’a pas honte de se fâcher et de se disputer pour un vil et méprisable chiffon ; il se met en colère de s’être fâché, et il s’irrite et s’indigne de s’être mis en mauvaise humeur ; et, quoiqu’il tombe et retombe sans cesse, l’insensé ! il ne s’aperçoit même pas de ses chutes. Il se repent de s’être livré aux excès de l’intempérance, et un moment après il ajoute de nouveaux excès aux premiers ; il béatifie le silence, et afin de ne pas l’observer, il se livre à de longs discours sur les louanges qu’il mérite ; il fait d’excellentes exhortations aux autres pour les porter à pratiquer la douceur, et lui-même s’indigne et s’irrite de sa propre indignation et de ses impatiences ; un peu rendu à lui-même, on le voit gémir sur son état déplorable ; et à peine s’est-il donné le moindre mouvement pour en sortir, qu’il retombe dans une léthargie plus profonde : il blâme et condamne sévèrement les ris et la joie, et lui-même en parlant de la pénitence, se met à rire d’une manière qui fait pitié et annonce la folie ; il s’accuse devant les autres d’être coupable de vaine gloire, et dans cette accusation même, il cherche à contenter son orgueil et sa vanité ; il ne cesse de recommander à ses frères de garder la modestie dans leurs regards, et de pratiquer la chasteté avec la plus scrupuleuse attention, et le misérable porte sans cesse, et dans de perverses intentions, les yeux sur des objets agréables et dangereux ! Le rencontre-t-on au milieu des gens du siècle ? il ne peut assez faire l’éloge de la vie religieuse et solitaire, et, dans sa stupide insensibilité, il ne comprend pas que ces louanges condamnent sa conduite ; il accable d’honneur et de louanges ceux qui prennent soin des pauvres et qui répandent d’abondantes aumônes dans le sein de l’indigence et de la misère, et lui-même couvre les indigents et les pauvres d’injures, d’affronts et d’outrages. CÕest ainsi que ce pauvre malheureux s’accuse et se condamne en tout et partout, sans penser à rentrer en lui-même ! à rougir de son triste et funeste état, à se repentir de sa conduite et à se convertir : mais, hélas ! le dirai-je ? la chose lui est-elle possible ? 897 L’Échelle Sainte : DIX-SEPTIÈME DEGRÉ

11. Un adulateur est donc un ministre de démons, un maître en orgueil, un exterminateur de la componction, un meurtrier des vertus, et un guide dans le chemin de lÕerreur, selon la parole du Prophète : " Mon peuple, dit le Seigneur, ceux qui t’appellent heureux, ne font que te tromper"(Is 3,12). 984 L’Échelle Sainte : VINGT-UNIÈME DEGRÉ

18. Ne vous élevez pas dans votre coeur, vous qui n’êtes que boue et corruption ; rappelez-vous qu’une infinité d’esprits célestes, créés dans la sainteté, ont été impitoyablement chassés du ciel à cause de leur orgueil. 1040 L’Échelle Sainte : VINGT-DEUXIÈME DEGRÉ

1. Nous avons fait remarquer dans le degré précédent que le blasphème est le méchant enfant d’un méchant père, de l’exécrable orgueil ; c’est pour cette raison que nous jugeons à propos d’en parler ici ; car ce n’est pas un de nos moindres ennemis, mais un des plus dangereux et des plus funestes par la difficulté et par la peine que nous éprouvons, lorsqu’il faut le faire connaître à notre médecin spirituel dans une confession sincère et véritable. Semblable au ver qui ronge le bois, ce vice ronge et détruit l’espérance, et précipite quelquefois une âme dans le désespoir. 1069 L’Échelle Sainte : VINGT-TROISIÈME DEGRÉ

2. Ainsi dans le temps même qu’on célèbre les divins mystères, et à cette heure où s’accomplit le plus saint et le plus redoutable de nos mystères sacrés, le monstrueux orgueil, ce démon abominable, vient nous inspirer des pensées de blasphème pour insulter notre Seigneur, et pour nous faire profaner l’auguste sacrifice ; et par la circonstance du temps nous devons connaître que ces pensées blasphématoires ne viennent pas de notre âme, mais du démon, cet ennemi irréconciliable de Dieu, lequel mérita d’être chassé du ciel pour y avoir voulu, par ses blasphèmes, profaner la Majesté redoutable du Seigneur : car si ces pensées de blasphème qui nous font frémir d’horreur, venaient de nous, comment pourrions-nous adorer ce don céleste que nous recevons ? pourrions-nous le bénir et le maudire en même temps ? 1070 L’Échelle Sainte : VINGT-TROISIÈME DEGRÉ

56. LÕautorité que Dieu donna à lÕun des anges, non point afin qu’il en abus pour s’enorgueillir. Il fut cependant la cause et l’occasion de son orgueil. 1187 L’Échelle Sainte : VINGT-CINQUIÈME DEGRÉ

59. Les combats que nous livrent les démons, viennent de trois causes différentes : de notre amour pour les plaisirs, de notre orgueil et de l’envie qu’ils nous portent. Appelons heureux ceux qui sont les objets de l’envie des démons ; mais disons qu’ils sont malheureux et bien malheureux, ceux qui se livrent à l’orgueil, et inutiles et vains, ceux qui sont esclaves des sens et attachés aux plaisirs de la chair. 1323 L’Échelle Sainte : VINGT-SIXIÈME DEGRÉ

114. Pour savoir par quel principe ces effets contraires ont lieu, chose qu’il est très difficile de savoir, nous n’avons pas d’autre moyen que de nous adresser à Dieu par des prières sincères et faites avec une grande humilité, et si, après avoir employé les humbles supplications, nous éprouvons toujours les mêmes troubles et les mêmes agitations, cessons de les attribuer au démon et ne les regardons plus que comme des effets de la nature. Mais ne manquons pas ici d’observer que souvent la divine Providence arrange tellement les choses que ce que nous croyons être contraire à nos intérêts éternels, leur est très favorable, et qu’elle veut par tous les moyens abattre notre orgueil et notre vanité. 1382 L’Échelle Sainte : VINGT-SIXIÈME DEGRÉ

115. Les jugements de Dieu sont un abîme impénétrable. Ceux qui ont prétendu les sonder, ne l’ont fait que par une curiosité et un orgueil insupportables. 1383 L’Échelle Sainte : VINGT-SIXIÈME DEGRÉ

38. Ô belle vertu ! ô la plus belle des vertus ! dis-nous, nous t’en supplions, dis-nous : Où tu mènes paître tes chères brebis, où tu prends ton repos pendant les ardeurs du midi. (cf. Cant 1,7). Éclaire-nous ! répands sur nous ta divine rosée, dirige-nous, conduis-nous et tire-nous enfin à toi ; car nous désirons ardemment de monter jusqu’au palais que tu habites. Tu commandes à toute chose, tu règne sur tout ; mais tu as blessé mon cœur (cf. Cant 4,9) ; je ne peux plus contenir les ardeurs dont tu l’as embrasé, et je brûle du désir de vous louer ; je vous dirai donc : Tu domines sur la puissance de la mer, et, quand il te plaît, tu adoucis et calmes le mouvement et la violence de ses flots ; tu humilies et tu brises les superbes dans leur orgueil, comme des hommes percés de traits ; et par la force de ton bras, tu as dispersé tes ennemis (Ps 88,9-10), et tu as rendu invincibles ceux qui t’aiment. Que ne m’est-il donné de te contempler, comme le saint patriarche Jacob put le faire, lorsque tu étais appuyée sur cette échelle mystérieuse qu’il vit ! 1765 L’Échelle Sainte : TRENTIÈME DEGRÉ



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