Homélies sur les Nombres XVII

Où sera la limite de la Sagesse de Dieu ?

mercredi 4 juillet 2007.
 

Si l’on se demande où est la différence entre les « maisons » et les « tentes », entre « Jacob » et « Israël », voici à peu près en quoi elle consiste. Une maison est chose assise, stable, circonscrite par des limites fixes ; les tentes sont les habitations des nomades toujours en route, qui n’ont pas trouvé le terme de leur voyage. Ainsi donc Jacob représentera les hommes parfaits en actions et en œuvres, en Israël on verra les chercheurs de Sagesse et de Science. Les exercices actifs s’arrêtent à des limites déterminées - car la perfection des œuvres n’est pas infinie - ; de celui qui a accompli tout son devoir et atteint la limite de la perfection des œuvres, on dira donc que cette perfection même des œuvres est sa maison, sa belle maison. Au contraire pour ceux qui travaillent à la Sagesse et à la Science, comme il n’y a pas de terme à leurs efforts - car où sera la limite de la Sagesse de Dieu ? plus on s’en approchera, plus on y découvrira de profondeurs ; plus on la scrutera, mieux on comprendra son caractère ineffable et incompréhensible ; car la Sagesse de Dieu est incompréhensible et inestimable -, pour ceux, dis-je, qui s’avancent sur la route de la Sagesse de Dieu, Balaam ne vante pas leurs maisons, car ils ne sont pas arrivés au terme du voyage, mais il admire les tentes avec lesquelles ils se déplacent toujours et toujours progressent, et plus ils font de progrès, plus la route des progrès à faire s’allonge et tend vers l’infini. Telle est la raison pour laquelle, considérant en esprit leurs progrès, il les appelle tentes d’Israël.

En vérité, quiconque fait quelque progrès dans la Science et a acquis quelque expérience en ce domaine, le sait bien : à peine arrivé à quelque spéculation, à quelque connaissance des mystères spirituels, l’âme y séjourne comme sous une tente ; mais après avoir exploré d’autres régions, à partir de ses premières découvertes, et après avoir accompli d’autres progrès intellectuels, pliant sa tente en quelque sorte, elle tend plus haut et là, établit la demeure de son esprit, fixée dans la stabilité des sens. Mais de nouveau en partant de là, elle découvre d’autres sens spirituels qui apparaissent à la suite des premiers ; et c’est ainsi que toujours « tendue en avant » elle parait s’avancer comme les nomades avec leurs tentes. Jamais le moment n’arrive où l’âme embrasée du feu de la Science, peut se donner du temps et se reposer : elle est toujours relancée du bien vers le mieux et de ce mieux à de plus hautes sublimités.



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