De l’incompréhensibilité de la nature de Dieu

La vigilance

dimanche 15 juillet 2007.
 

Puis, pour montrer que ni le Prophète, ni les vertus célestes n’ont pénétré l’essence pure de Dieu, il ajoute : Telle fut cette image de la gloire du Seigneur. (Id. II, 1.) Voyez-vous comment partout Dieu se proportionne à la faiblesse de ses créatures ? Et cependant les vertus des cieux elles-mêmes se voilent de leurs ailes, malgré leur profonde sagesse, leur vive pénétration et leur. grande pureté. Les noms de ces habitants du ciel nous révèlent l’excellence de leur nature et la dignité de leurs différents ministères. L’ange s’appelle ainsi parce qu’il porte aux hommes les ordres de Dieu ; l’archange, parce qu’il commande aux anges ; d’autres prennent le nom de vertus pour signifier leur sagesse et leur pureté ; si on leur donne des ailes, c’est pour exprimer la sublimité de leur nature. On peint l’ange Gabriel ailé pour faire entendre que du haut des cieux, il est descendu dans les basses régions de la terre. Il y a de ces esprits bienheureux que l’on appelle Trônes, parce que Dieu semble se reposer sur leurs ministères ; le chant continuel qu’on leur attribue, est le symbole de leur vigilance ; par leurs yeux on entend leurs connaissances et leurs lumières ; d’autres termes marquent d’autres qualités : chérubin signifie science parfaite ; séraphin, bouche de feu. Vous le voyez, les noms veulent dire sagesse et pureté. Or, si la science parfaite ne peut soutenir l’éclat même voilé de la majesté divine ; si la science imparfaite, comme dit saint Paul, ne connaît qu’en partie, comme dans un miroir et en énigme, quelle folie de prétendre scruter et comprendre ce qui est caché même aux anges ! De l’incompréhensibilité de la nature de Dieu : Troisième Homélie. 5.

Lorsque le feu est au logis de votre voisin, fût-il votre plus grand ennemi, vous courez pour l’éteindre, dans la crainte qu’il ne gagne aussi bientôt votre maison. Faites de même pour les énergumènes. Car la possession du démon est un horrible incendie. Prenez donc garde qu’il ne se glisse aussi dans votre âme. Lorsque vous le verrez s’approcher, recourez promptement à Dieu, afin qu’en apercevant votre ferveur et votre vigilance, il comprenne que tout accès dans votre âme lui est fermé. S’il vous voit négligent et oisif, il entrera en vous comme dans une hôtellerie déserte. Si au contraire vous êtes vigilant, attentif, occupé des choses du ciel, il n’osera pas même vous regarder. Si donc vous dédaignez vos frères, ayez au moins pitié de vous, fermez au démon toutes les portes de votre âme. Or, rien n’est plus propre à l’éloigner de nous que la prière et des supplications continuelles. Ce n’est pas inutilement et sans raison que le diacre dit à tous : Levons-nous et tenons-nous bien, c’est pour nous avertir, d’élever nos pensées qui rampent à terre, de bannir le souci des affaires temporelles, afin de pouvoir présenter à Dieu des âmes pures et droites. De l’incompréhensibilité de la nature de Dieu : Quatrième Homélie. 5.

Tel est le véritable sens de cet avertissement en usage dans le rituel ; il ne s’agit pas du corps, mais de l’âme, c’est elle qu’il faut relever. Ecoutons saint Paul ; il se sert de cette même formule. Il écrit à des hommes tombés et accablés sous le poids des malheurs : Relevez vos mains languissantes et fortifiez vos genoux affaiblis. (Hébr. XII, 12.) Saint Paul parle-t-il des genoux et des mains du corps ? Nullement. Car il ne s’adresse pas à des coureurs ni à des lutteurs. Mais il cherche par ces paroles à ranimer la vigueur de l’âme, abattue par les tentations. Pensez près de qui vous êtes, avec qui vous allez invoquer Dieu. C’est avec les chérubins. Examinez qui vous accompagne et vous serez vigilants, en voyant que, composés de chair et d’os, vous êtes admis avec les vertus incorporelles à louer le même Seigneur. Arrière donc les coeurs lâches ! le zèle est nécessaire pour prendre part aux saints mystères, et aux hymnes mystiques. Dans ce moment bannissez toute pensée mondaine, tout sentiment terrestre ; montez au ciel ; approchez-vous du trône de gloire, et chantez avec les séraphins l’hymne sacrée au Dieu plein de magnificence et de majesté. L’instant est grave et solennel, voilà pourquoi l’on nous commande de nous bien tenir, c’est-à-dire, comme il convient à des hommes de se tenir devant Dieu, avec crainte et tremblement, pleins de zèle et de vigilance. Qu’il s’agisse en effet de l’âme dans la formule en question, cette autre parole de saint Paul le prouve également : Mes bien-aimés, demeurez ainsi fermes dans le Seigneur. (Philip. IV, 1.) Un archer qui veut frapper au but, commence par assurer sa pose ; ensuite placé exactement en face du but, il lance la flèche. Ainsi pour atteindre la tête maudite du démon, occupezvous d’abord d’affermir votre coeur, puis debout et libres de tout obstacle, vous lui lancerez des traits inévitables. De l’incompréhensibilité de la nature de Dieu : Quatrième Homélie. 5.



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