Vie de S. Antoine

Athanase : La lutte contre les tentations.

Textes ascétiques des Pères de l’Église
lundi 10 novembre 2008.
 
Rouët de Journel, Textes ascétiques des Pères de l’Église. Herder, 1947

6. A la fin, le dragon, impuissant à terrasser Antoine par ce moyen, se voyant lui-même rejeté de son cœur, grinçant des dents, comme il est écrit ( cf. Act 7, 54 ), et pour ainsi dire hors de lui, lui apparut sous les traits d’un enfant noir : tel il est spirituellement, tel il se montrait sensiblement. Tombant sur lui, il l’assaillait non plus par des pensées (cette ruse était déjouée), mais en prononçant d’une voix humaine : « J’en ai trompé beaucoup, j’ai vaincu la plupart, et voici que, m’attaquant, comme à beaucoup, à toi et à tes labeurs, j’ai été sans forces ». Antoine l’interrogeait : « Qui es-tu, toi qui me dis ces choses ? » Celui-ci aussitôt, d’une voix lamentable : « Je suis l’ami de l’impureté, dont j’ai pris contre les jeunes gens les embûches et les excitations : on m’appelle l’esprit de fornication. Combien en ai-je trompés qui voulaient vivre sagement, combien de continents ai-je faits changer d’avis en les excitant ! C’est à cause de moi que le prophète blâme ceux qui tombent, disant : « Un esprit de prostitution vous a égarés » ( Os 4, 12 ). C’est par moi en effet qu’ils furent culbutés. C’est moi qui t’ai souvent harcelé, et chaque fois tu m’as mis en fuite ». Antoine rendit grâces au Seigneur, s’enhardit contre le démon et lui dit : « Tu es vraiment bien méprisable ; car spirituellement tu es noir, et tu es faible comme un enfant. Je n’ai plus aucun souci à ton sujet : « Le Seigneur est mon secours, je mépriserai mes ennemis » ( Ps 117,7 ). A. ces mots, le noir prit la fuite : il redoutait la voix et craignait même d’approcher du jeune homme.

7. De nouveau l’ennemi rôdait comme un lion, cherchant occasion contre lui. Antoine, sachant par l’Ecriture la variété des artifices de l’ennemi, persévérait dans l’ascèse, se disant que si le diable n’avait pas eu la force de tromper, son cœur par la volupté du corps, il machinait de le tenter de toutes autres façons ; car le démon est ami du péché. Aussi de plus en plus Antoine châtiait-il son corps et le réduisait-il en servitude, de peur que, victorieux su



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