COMMUNION PASCALE

De la Pénitence, de la Communion aux saints mystères du Christ et de l’amendement de notre vie.
samedi 4 novembre 2006.
 

Gloire à toi, Seigneur ! Quelle belle journée pour nous ! Que de communiants ! Réjouissez-vous, âmes bienheureuses ! Le Seigneur est en vous ! Il est en vous, car il l’a dit lui-même : « Celui qui mange ma chair et boit mon sang, demeure en moi, et moi en lui » (Joa., VI, 56). Réjouissons-nous d’une joie commune à tous. Je crois qu’il n’y a pas de famille où il n’y ait pas de communiant. Il n’y a donc pas de maison qui soit privée d’une particulière visite de Dieu. Ainsi, toute notre ville est devenue maintenant une demeure de Dieu, et non seulement notre ville, mais aussi toute autre cité, toute la Russie, le monde orthodoxe tout entier. Actuellement chez le Seigneur c’est la Cène. Il exulte avec les âmes. Il est tout en tous, comme une source de bienfaits et comme le maître des cœurs. L’essentiel de ce règne qu’il a fondé sur la terre, c’est de mettre tous les hommes sur le bon chemin en les remplissant de sa personne, en leur inspirant la conscience du devoir, en leur donnant des forces, en les encourageant dans les labeurs. Que le Seigneur lui-même nous aide à ne jamais perdre son habitation en nous ! Alors, dirigés par lui, nous marcherons tous avec assurance sur le chemin du salut, selon les desseins éternels qu’il a sur nous. Tous nos soucis, mes frères, doivent tendre à réaliser ces desseins. Le Seigneur est en nous ! Faisons ce qui dépend de nous pour le garder toujours en nous. Lui-même est une communication. Il est venu en ce monde précisément pour être en tous. Et il ne nous quitterait jamais ; mais que doit-il faire, si en sa présence nous commençons à nous comporter de telle sorte qu’il ne peut plus rester en nous ? Les jours précédents nous avons purifié et orné l’appartement de notre cœur, pour y recevoir le Seigneur. Maintenant l’hôte céleste et le visiteur de nos âmes est descendu chez nous. Tâchons de lui procurer du repos et de la joie, laissons-le agir en nous. Nous avons mis de l’ordre dans nos occupations domestiques, que cet ordre soit une perpétuelle loi de notre vie. Ajoutons encore ceci : évitons la dissipation des pensées, ne permettons pas à l’affectivité de nous troubler, ne cédons pas aux passions. Avec grande attention et un ardent désir, gardons l’entrée de notre cœur, où se trouve le Seigneur, écartons en tout cas ce qui peut troubler son repos, et il reposera en nous. Songeons à procurer de la joie au Seigneur. Il la trouve dans tout ce qui est pur, saint, vraiment bon. Car lui-même est la pureté, la sainteté, le bien. Entourez sa demeure en vous de sincères convictions quant à sa présence, de saintes intentions, de motifs purs, d’une disposition à faire tout le bien qu’indiquent ses commandements. Songeons, enfin, à laisser le Seigneur agir en nous selon son bon vouloir. Il est tout agissant. Mais il ne l’est pas en nous sans que nous y participions. Il ne fait pas violence à notre liberté, mais il attend que nous nous donnions à lui ou que nous lui remettions le pouvoir sur nous. Venez donc avec toutes les forces de votre esprit, prosternez-vous devant lui, saluez-le et priez-le de prendre vos facultés comme des instruments, pour agir en elles, y implanter tout ce qui est bon et salutaire, et y arracher ou détruire ce qui est mauvais et nuisible. La prière fera pénétrer la force de Dieu dans toutes les jointures de votre nature et lui donnera de la possibilité d’agir en vous... La pensée que Dieu demeure en vous, vous oblige à écarter soigneusement tout ce qui peut l’offenser... Pour que cette pensée ne vous quitte pas, allez le plus souvent que vous pouvez à l’église, surtout pour assister à la liturgie. Et alors de toutes vos forces renouvelez en vous les dispositions salutaires qui remplissaient vos âmes en ces jours-ci. Songez en particulier au grand don que vous venez de recevoir. En vous rappelant la sainte communion vous vous souviendrez nécessairement du bon état d’âme dans lequel vous vous trouviez et vous vous trouvez encore ; ainsi vous aurez le désir de rester toujours dans cette disposition pour avoir toujours le Seigneur en vous. [De la Pénitence, de la Communion aux saints mystères du Christ et de l’amendement de notre vie. Moscou, 5e éd. 1896, p. 269-272].

Après avoir institué le sacrement du Corps et du Sang, le Seigneur donna aux apôtres l’ordre de le renouveler. Les saints apôtres transmirent cet ordre à l’Eglise, dans laquelle il réside et agit toujours. La sainte Eglise invite toujours à la communion tous les fidèles, surtout durant les grands jeûnes et encore plus particulièrement durant la sainte Quarantaine, car tous les offices religieux préparent les fidèles à recevoir dignement le Corps et le Sang du Christ. Les enfants dociles de l’Eglise suivent avec humilité cet appel et, en ce temps, n’omettent pas d’accomplir leur devoir pascal. Dieu merci ! Dieu merci qu’au moins une fois l’an ils purifient leur conscience et communient. Dieu veuille que parmi nous il n’y en ait pas qui volontairement se privent de ce grand don de Dieu ! Car ils se privent du Seigneur, et sans le Seigneur, que sommes-nous ?... La question de la communion est une question de vie. Communier ou ne pas communier, c’est être ou ne pas être chrétien, vivre ou ne pas vivre dans le Christ... D’ailleurs, je n’ai pas l’intention de vous parler maintenant de la communion fréquente. Voici de quoi il s’agit. ...D’ordinaire, on communie chez nous une fois par an. Mais si nous ne voulons pas communier souvent, ne pouvons-ncus pas au moins prolonger la grâce de cette communion annuelle pour un temps plus considérable ? Ne pouvons-nous pas rester « en état de communion » d’une communion à l’autre ? Que dis-je : ne pouvons-nous pas ? Il faut le faire. Fais ce que tu veux, mais arrange-toi de façon à être comme si tu venais de communier. Ainsi on pourra dire que tu es dans le Seigneur et que le Seigneur est en toi, que tu vis d’une vie chrétienne. Car dès que tu auras perdu la force de la communion, tu perdras le Seigneur, tu cesseras d’avoir la vie en toi... En ceux qui ont communié dignement, le Seigneur demeure. Réjouissez-vous, communiants de Dieu ! N’allez pas par fausse humilité ou par manque de conviction touchant les fruits de la sainte communion, nier la présence en vous de ce grand don. Vous ne le sentez pas nettement, vous ne le palpez pas, soit. Mais le Seigneur est en vous aussi longtemps que vous ne serez pas privés de sa présence à cause de quelque péché mortel. Comme en un jour de ciel couvert le soleil éclaire et manifeste sa force, tout en restant invisible à cause des nuages qui le cachent ; ou comme durant la fonte de la glace le thermomètre ne monte pas malgré la chaleur qui l’entoure ; ou encore, comme pendant une cure telle ou telle médecine agit d’une façon efficace quoique le malade se sente toujours affaibli et à bout de forces ; ainsi le Seigneur est en vous, mais sa lumière n’est pas perceptible à cause du brouillard des divagations, que le Seigneur est en train de dissiper. Le Seigneur est en vous, mais sa chaleur n’est pas bien perceptible à cause du froid occasionné par les désirs terrestres qui cernent le cœur et néanmoins cèdent petit à petit devant le feu du Seigneur. Le Seigneur est en vous, il vous guérit déjà, mais pour votre propre bien il dissimule sa force guérissante sous vos faiblesses sensibles... Pour ne pas perdre le Seigneur, qui réside et agit en vous, il n’est pas nécessaire, croyez-moi, d’entreprendre un travail écrasant, comme s’il s’agissait de déplacer des montagnes. Non. Le moyen n’est nullement compliqué, c’est très simple. Voici ce qu’il faut : 1) Garder sa conscience pure à l’égard de Dieu, du prochain, de toutes choses, de toute affaire ; quoi que vous fassiez, prenez pour le faire l’exemple de la Parole de Dieu ; agissez avec humilité et ferveur, sans aucun mouvement de volonté propre et sans négligence. 2) Dans toutes vos paroles et actions, petites ou grandes, n’admettez rien qui ne soit à la gloire de Dieu ou puisse nuire tant soit peu à la cause de votre salut éternel. 3) Même si vous étiez en possession du monde entier, ayez dans votre cœur les dispositions de pèlerins, de nouveaux venus en ce monde, qui n’ont pas ici de cité permanente et n’aspirent qu’à atteindre la cité future. C’est tout. Donc, notez-le bien, il faut trois choses : être des pèlerins, tout orienter à la gloire de Dieu et au propre salut, garder la conscience pure. [De la Pénitence, de la Communion aux saints mystères du Christ et de l’amendement de notre vie. Moscou, 5e éd. 1896, p. 277-281].



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