PAEDAGOGUS.

Clément d’Alexandrie : L’image de Dieu

dimanche 29 juillet 2007.
 
Voyez les temples de l’Egypte : des bois sacrés, de longs portiques, des vestibules spacieux vous y conduisent ; tout à l’entour, d’innombrables colonnes en supportent le faîte ; les murailles, revêtues de pierres étrangères et de riches peintures, jettent de toutes paris un éclat éblouissant. Rien ne manque à cette magnificence. Partout de l’or, partout de l’argent, partout de l’ivoire. L’Inde et l’Ethiopie ont prodigué leurs pierreries pour orner la nef. Quant au sanctuaire, il se cache à vos regards sous de longs voiles brodés d’or. Si, tout plein de ce spectacle, vous en cherchez un plus grand, et qu’après avoir franchi l’enceinte, vous demandiez avoir l’image du Dieu qui habite le temple ; si alors, dis-je, quelque prêtre ou quelque sacrificateur, vieillard à l’aspect grave et vénérable, vient au chant des hymnes sacrées de l’Egypte, soulever le voile du sanctuaire, comme pour vous montrer le dieu, vous pousserez un grand éclat de rire en apercevant l’objet d’un tel culte. Ce Dieu que vous cherchiez, que vous aviez hâte de voir, c’est un chat, ou un crocodile, ou un serpent du pays, ou toute autre bête de ce genre, indigne d’habiter un temple, et dont la seule demeure convenable serait un antre, une caverne ou un marais. Le dieu des Égyptiens est un monstre qui se roule sur des lapis de pourpre. N’est-ce point la l’image de ces femmes qui, toutes couvertes d’or, ne se lassent point d’abattre et de relever l’édifice de leur chevelure, femmes aux joues étincelantes de fard, aux sourcils imprégnés de fausses couleurs.... ? Si vous soulevez, en effet, le voile de ce nouveau temple, et que vous perciez de l’œil ces réseaux, ces étoffes, cet or, ce fard, ces teintures, tout ce tissu artificiel, dans l’espoir de trouver au dedans la véritable beauté, ce que vous apercevrez, je le sais, vous fera reculer d’horreur. Ce temple est impur : l’image de Dieu, qui en faisait le prix, ne l’habite plus ; une courtisane, une adultère a envahi le sanctuaire de l’âme, véritable bête féroce, singe frotté de céruse. » (Pédag., III, 2)


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