Stromates

La gnose chrétienne

lundi 9 juillet 2007.
 

Voici les trois notes qui caractérisent notre gnostique : d’abord la contemplation, puis l’accomplissement des préceptes, enfin l’instruction des hommes de bien. Lorsque ces qualités se rencontrent chez un homme, il est un gnostique accompli. Mais si l’une vient à manquer, sa gnose est boiteuse. (Stromates, 2, 10,46)

Établi déjà par l’amour dans les biens qu’il possédera, ayant devancé l’espérance par la gnose, il ne tend vers rien, ayant tout ce vers quoi il pourrait tendre. Il reste donc dans l’unique attitude immuable, aimant de façon gnostique, et il n’a pas à désirer d’être rendu semblable à la beauté, car il possède déjà la beauté par l’amour. Quel besoin y a-t-il encore de courage et de désir pour cet homme qui a conquis l’intimité aimante avec le Dieu sans passion et qui s’est inscrit lui-même parmi ses amis par l’amour ? Pour nous, il faut écarter le gnostique parfait de toute passion de l’âme. Car la gnose opère l’exercice, l’exercice donne l’habitude ou l’accoutumance, et cet apaisement aboutit à l’apatheia.... (Stromates, 4, 9, 73-74)

Il aime toujours Dieu vers qui seul il est tout entier tourné, et, à cause de cela, il ne hait aucune des créatures de Dieu. Il n’envie rien, car rien ne lui manque pour être assimilé à Celui qui est bon et beau. Il n’aime rien ni personne de l’amour commun, mais il chérit son Créateur par les créatures ; il n’est pas exposé au désir ou à l’appétit, il ne manque d’aucun des biens de l’âme, étant déjà uni par l’amour à l’Ami à qui il appartient selon son libre choix et s’approchant de plus en plus de lui par l’habitude de l’ascèse, étant heureux dans la possession de ses biens, il ne peut pas ne pas être semblable au Maître dans l’apatheia. (Stromates, 6,9,71-72)

En faisant croître ainsi les semences déposées en lui, selon l’agriculture que le Seigneur a ordonnée, il reste sans péché ; il est maître de lui et il vit par l’esprit avec ses pareils dans les choeurs des saints, même s’il est encore retenu sur la terre. Un tel homme qui agit et parle ainsi de jour et de nuit suivant les commandements du Seigneur arrive à la joie parfaite, non seulement à l’aurore quand il se lève et au milieu du jour, mais encore quand il se promène, quand il se couche, quand il s’habille et se déshabille. Il instruit son fils, si un fils lui est né ; il ne peut se séparer du commandement et de l’espérance ; il rend toujours grâces à Dieu, comme les êtres vivants qui glorifient le Seigneur dans l’allégorie d’Isaïe ; il est patient à toute adversité. (Stromates, 7,12,80)



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