« Quel riche pourrait être sauvé ? »

L’usage des richesses

samedi 4 novembre 2006.
 

C. 11, n. 2. « Vendez ce que vous avez » [Mt 19,21]. Mais que veulent dire ces paroles ? Non point, comme quelques-uns l’entendent à première vue, qu’il faille se dépouiller de ses richesses et les rejeter loin de soi ; mais il faut arracher de son âme les vains jugements sur les richesses, la passion pour elles et le désir excessif de lés posséder, la honteuse plaie de l’avarice, les sollicitudes, épines de l’existence, qui étouffent les semences de la vie...

4. Le sacrifice de nos richesses et leur distribution aux pauvres et aux malheureux n’est pas chose nouvelle. Plusieurs l’avaient déjà fait avant la venue du Sauveur : les uns, pour se livrer à l’étude des lettres et d’une science morte ; les autres, pour acquérir le vain renom d’une gloire frivole, tels Anaxagore, Démocrite, Cratès.

12, 1. Qu’y a-t-il de nouveau dans cette maxime du Sauveur, qui ne puisse venir que de Dieu, et qui donne la vie aux hommes, ce que n’a pu faire la pauvreté volontaire des anciens ? Quand le Fils de Dieu, cette nouvelle créature, nous ordonne et nous enseigne quelque chose de si excellent, il ne nous ordonne rien qui tombe sous nos sens, rien de ce que d’autres ont fait avant lui ; mais il signifie par là quelque chose de plus grand, de plus divin, de plus parfait : à savoir que nous dépouillions des vices notre âme et ses tendances, que nous en arrachions les racines pour les jeter loin de nous.

14, 1. Il ne faut donc pas rejeter les richesses qui servent au prochain. Car la richesse est désirable, la fortune est utile : elle est préparée par Dieu pour le soulagement des hommes ; elle est accordée et donnée comme une matière et un instrument à ceux qui savent pour en faire le bon usage.

2. L’instrument, si tu t’en sers avec art, est artiste ; mais si tu manques d’art, il participe à ton ignorance, sans en être responsable.

3. De même la richesse est un instrument. Tu peux t’en servir d’une manière Juste : elle est alors au service de la justice. Quelqu’un s’en sert-il injustement ? Elle devient au contraire servante d’iniquité, car elle est faite pour servir, non pour commander.

4. Il ne faut donc pas accuser ce qui de soi n’est ni bon ni mauvais, étant irresponsable, mais qui peut servir bien ou mal, suivant le choix de celui qui l’emploie. Et c’est l’esprit de l’homme, qui a en lui-même le libre discernement et la liberté de disposer de ce qui lui a été donné.

5. Qu’on n’écarte donc pas les richesses, mais bien plutôt les passions de l’âme qui ne permettent pas le meilleur usage de la fortune, afin que chacun devenu parfait puisse faire un bon emploi de ses richesses mêmes.

6. L’ordre de "se défaire de tous ses biens et de vendre toute sa fortune doit donc être entendu de cette manière qu’il s’applique aux passions de l’âme.



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