L’Echelle du paradis.
La chasteté.
dimanche 15 juillet 2007.
15. La chasteté est un merveilleux et surnaturel renoncement à la nature, une lutte vraiment admirable d’émulation entre le corps mortel et corruptible et les esprits incorporels. Le chaste est celui qui repousse l’amour par l’amour, et qui éteint le feu du corps par le feu de l’esprit. La tempérance est un nom commun s’appliquant à toutes les vertus. Le tempérant est celui qui, même durant le sommeil, ne ressent aucun mouvement provenant du corps auquel il est lié. Le tempérant est celui qui est parfaitement insensible en présence de la diversité des êtres corporels. Telle est la règle et la définition de la parfaite et très pure chasteté : à savoir, n’être pas plus ému à la vue des êtres animés que des inanimés, en face des créatures raisonnables que des irraisonnables. Que personne de ceux qui par l’ascèse ont acquis la chasteté ne s’attribue cette victoire ; car il n’est pas possible à la nature de se vaincre elle-même ; là où la nature est vaincue, il faut reconnaître la présence de celui qui est au-dessus de la nature... Le renard fait semblant de dormir, et le démon d’être tempérant : le premier pour attraper la poule, le second pour perdre l’âme. Tant que vous vivez, ne vous fiez pas à cette boue qu’est votre corps ; défiez-vous-en jusqu’à ce que vous comparaissiez devant le Christ. Ne vous persuadez pas que vos jeûnes vous empêcheront de tomber ; il en est un qui ne mangeait rien et qui fut précipité du haut du ciel. Certains hommes éclairés ont fort bien défini la renonciation au monde en disant qu’elle est la haine contre le corps et la lutte contre le ventre. En ceux qui commencent, les péchés de la chair viennent d’ordinaire de la sensualité de la bouche ; en ceux qui sont plus avancés, ils proviennent de la vanité, quoique les premiers aussi n’en soient pas exempts ; chez ceux qui s’approchent de la perfection, ils ne viennent que de ce qu’ils jugent témérairement leur prochain... La chasteté rend l’homme familier avec Dieu et semblable à lui, autant que cela est possible. La mère qui donne la douceur aux fruits, c’est la terre jointe à la rosée ; la mère de la chasteté, c’est la solitude jointe à l’obéissance... Celui qui, le ventre plein et bien gras, entend vaincre le démon de l’impureté, ressemble à celui qui veut éteindre un incendie avec de l’huile. Celui qui s’imagine pouvoir mettre fin à cette guerre par la seule abstinence ressemble à celui qui, tombé à la mer, prétend se sauver en nageant d’une seule main. Unissez à l’abstinence l’humilité ; car sans la seconde la première ne vous servira de rien.
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