Evagre

Chapitres pratiques, à Anatolius

jeudi 30 novembre 2006.
 

Préamb. La foi est fortifiée par la crainte de Dieu, et celle-ci à son tour par la tempérance, que la patience et l’espérance rendent ferme ; ces dernières engendrent l’« apathie », dont la charité est la fille ; la charité est la porte de la contemplation naturelle, que suit la théologie et la suprême béatitude.

1, 9. De même qu’il n’est pas possible que la vie et la mort coexistent en une même personne, ainsi il ne peut se faire que l’on ait à la fois la charité et les richesses. Car la charité détruit non seulement les richesses, mais encore notre vie passagère.

1, 38. L’esprit qui, avec le secours de Dieu, a pratiqué la vie active et s’est approché de la gnose perçoit peu ou pas du tout le côté irrationnel de l’âme, la gnose l’entraînant en haut et le séparant des choses sensibles.

1, 56. Le terme de la vie active est la charité, et celui de la gnose est la théologie (connaissance de Dieu) ; l’une et l’autre ont pour principes la foi et la contemplation naturelle.

1, 65. A la pensée suggérée par les démons s’opposent trois pensées qui la suppriment quand elle s’attarde dans l’esprit : celle qui est suggérée par les anges, celle qui vient de notre volonté inclinée vers le bien, et celle qui jaillit de la nature humaine et fait que les payens eux-mêmes sont portés à aimer leurs enfants et à honorer leurs parents. Mais à la bonne pensée s’en opposent seulement deux : celle que suggère le démon, et celle qui vient de notre volonté inclinée vers le mal. Aucune pensée mauvaise ne provient de la nature ; car au début nous n’avons pas été créés mauvais : bien plutôt le Seigneur a semé du bon grain dans son champ.

1,71. Jamais l’âme ne verra en elle-même le lieu de Dieu, si elle ne s’élève pas au-dessus de toutes les pensées concernant les choses de la terre ; mais elle ne s’y élèvera pas, si elle ne se dépouille pas des passions qui, par le moyen des pensées, l’enchaînent aux objets sensibles ; et elle se débarrassera des passions par les vertus, comme des simples raisonnements par la contemplation spirituelle ; et à nouveau elle abandonnera celle-ci, lorsque lui apparaîtra cette lumière qui, au temps de l’oraison, façonne le lieu de Dieu.

2, 49. La prière rend fort et pur pour le combat l’esprit fait pour prier et pour combattre les démons en se séparant de ce corps et dans l’intérêt de toutes les puissances de l’âme.

2,60. La parfaite « apathie » se produit pour l’âme après que la victoire a été remportée sur tous les démons qui s’opposent à la vie active ; l’« apathie » est dite imparfaite par rapport à la puissance du démon qui alors lutte contre elle.



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