HOMÉLIES SUR LA GENÈSE

Recouvrer la forme de l’image de Dieu

mercredi 25 juillet 2007.
 

Par conséquent ceux qui cherchent et s’appliquent à se rendre célestes par une vie parfaite et une compréhension profonde, deviennent eux-mêmes des « trônes de Dieu » et sont rendus célestes surtout à cause de leur manière de servir et de leur intimité ; ils disent : « Il nous a ressuscites avec le Christ et nous a fait asseoir avec lui dans les cieux ». Mais aussi ceux dont « le trésor est dans le ciel » peuvent être appelés célestes et trône de Dieu, car « là où est leur trésor, là est leur cœur ». Dieu ne se contente pas de reposer sur eux, mais « il habite en eux ».

Et s’il en est qui parviennent à une perfection telle qu’ils puissent dire : « Cherchez-vous une preuve du Christ qui parle en moi ? », en ceux-là, Dieu ne se contente pas d’habiter, mais encore « il marche au milieu d’eux ». C’est pourquoi les parfaits, rendus célestes ou devenus eux-mêmes « des cieux », « chantent la gloire de Dieu », comme dit le Psaume. C’est pourquoi aussi les Apôtres, qui étaient « des cieux », sont envoyés pour « chanter la gloire de Dieu », et ils reçoivent le nom de Boanerges, c’est-à-dire « fils du tonnerre », pour que cette puissance de tonnerre accrédite auprès de nous qu’ils sont vraiment « des cieux ».

Dieu fit donc l’homme, et il le fit à l’image de Dieu. Il nous faut voir quelle est cette image de Dieu et chercher à la ressemblance de quelle image l’homme a été fait. Car il n’est pas dit que Dieu fit l’homme à son image et à sa ressemblance, mais qu’ « il le fit à l’image de Dieu ». Quelle est donc cette image de Dieu à la ressemblance de laquelle l’homme a été fait ? Ce ne peut être que notre Sauveur. Il est « le premier né de toute créature » ; de Lui il est écrit qu’il est « la splendeur de la lumière éternelle et la forme visible de la substance de Dieu » ; il dit de lui-même : « Je suis dans le Père et le Père est en moi » et « qui me voit, voit le Père ». En effet, celui qui voit l’image de quelqu’un voit celui que l’image représente ; ainsi par le Verbe de Dieu, qui est l’image de Dieu, voit-on Dieu. C’est donc bien la vérité quand Il dit : « qui me voit, voit le Père. »

C’est à la ressemblance de cette image que l’homme a été fait. Aussi notre Sauveur, qui est l’image de Dieu, ému de pitié pour l’homme qui avait été fait à sa ressemblance et qu’il voyait renoncer à son image pour revêtir celle du malin, ému de pitié, prit lui-même l’image de l’homme et vint à lui, comme affirme l’Apôtre en disant : « bien qu’il fût dans la condition de Dieu, il n’a pas retenu avidement son égalité avec Dieu, mais il s’est anéanti lui-même en prenant la condition d’esclave, et, reconnu pour homme en tout ce qui a paru de lui, il s’est abaissé lui-même jusqu’à la mort ».

Tous ceux qui viennent à lui et s’efforcent d’avoir part à l’image raisonnable sont, par leurs progrès, « renouvelés chaque jour selon l’homme intérieur » à l’image de celui qui les a faits ; ainsi peuvent-ils devenir « semblables à son corps de clarté », chacun selon ses forces toutefois. Les Apôtres se sont tellement formés à nouveau à sa ressemblance que lui-même leur disait : « Je vais à mon Père et à votre Père, à mon Dieu et à votre Dieu. » Auparavant, il avait déjà prié le Père pour ses disciples, pour que leur fût rendue la première ressemblance, en disant : « Père, fais qu’ils soient un en nous, comme toi et moi nous sommes un. »

Ayons donc toujours les yeux sur cette image de Dieu, pour pouvoir être formés de nouveau à sa ressemblance. Car si l’homme, créé à l’image de Dieu, est devenu semblable au diable par le péché, en regardant, au rebours de sa nature, l’image du diable, il y a bien plus de raison qu’en regardant l’image de Dieu à la ressemblance de laquelle il a été fait par Dieu, il reçoive du Verbe et de sa vertu, la forme qu’il tenait de sa nature. Que nul, s’il découvre qu’il ressemble plus au diable qu’à Dieu, ne désespère de pouvoir recouvrer la forme de l’image de Dieu, puisque le Sauveur n’est « pas venu appeler à la pénitence les justes mais les pécheurs ». Matthieu était un publicain et son image ressemblait au diable ; mais en venant à l’image de Dieu, à notre Seigneur et Sauveur, et en la suivant, il a été transformé à la ressemblance de l’image de Dieu. « Jacques, fils de Zébédée et Jean son frère » étaient des pêcheurs et « des gens sans lettres » qui, pour lors, ressemblaient à l’image du diable ; mais en suivant eux aussi l’image de Dieu, ils lui sont devenus semblables, comme du reste les autres apôtres. Paul persécutait l’image même de Dieu ; quand il put en voir la beauté et la splendeur, cette vision le transforma tellement à sa ressemblance qu’il disait : « Cherchez-vous le témoignage du Christ qui parle en moi ? »



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