Bernard de Clairvaux - SECOND SERMON SUR L’AVENT (P. L., 183)

jeudi 11 octobre 2007.
 
(Dans ce sermon, saint Bernard commente la prophétie d’Isaïe sur l’Emmanuel)

(42) 3. Jésus est l’abeille qui se nourrit parmi les lis et qui habite la patrie fleurie des anges. Aussi l’abeille s’est-elle envolée vers la cité de Nazareth, dont le nom signifie fleur, et s’est-elle posée sur la fleur embaumée de la perpétuelle virginité, elle s’y est fixée et ne l’a plus quittée...

4. - Tout cela nous montre assez, je pense, quelle est cette tige surgie de la racine de Jessé, et quelle est cette fleur sur laquelle s’est reposé l’Esprit-Saint : la Vierge Mère de Dieu est la tige, la fleur est son Fils. Oui, le Fils de la Vierge est bien cette fleur, fleur blanche et vermeille, choisie entre mille, fleur que les anges désirent contempler, fleur dont le parfum rend la vie aux morts, et, comme il l’atteste luimême, fleur des champs et non des jardins. Les champs, en effet, fleurissent sans l’intervention de l’homme, sans avoir été ni ensemencés, ni bêchés, ni fumés. C’est tout à fait ainsi que le sein de la Vierge a fleuri, que ses entrailles immaculées, pures et chastes comme une prairie éternellement fraîche, ont produit une fleur dont la beauté ne se peut flétrir et dont l’éclat est à jamais incorruptible. O Vierge, tige sublime, à quelle sainte hauteur se dresse votre cime jusqu’à Celui qui siège sur le trône, jusqu’au Seigneur de majesté. A cela rien d’étonnant, puisque vous prenez racine dans les profondeurs de l’humilité. (43) O plante vraiment céleste, plus précieuse et plus sainte que toutes les autres ! O véritable arbre de vie, qui fut seul digne de porter le fruit du salut ! Serpent mauvais, ta ruse est découverte, ta fourberie mise à nu. Tu avais porté contre le Créateur la double accusation infamante de mensonge et de jalousie, et tu te trouves convaincu d’un double mensonge. Tout d’abord, il est mort celui à qui tu avais dit : « Tu ne mourras pas », et la vérité du Seigneur demeure éternelle. Et maintenant, réponds si tu le peux : quel arbre et quel fruit pouvait envier à l’homme Celui qui ne lui a refusé ni cette tige choisie, ni ce fruit sublime ? Car Celui qui n’a pas épargné son propre Fils, ne nous a-t-il pas tout donné avec lui ?

5. - Mais vous avez déjà remarqué, si je ne m’abuse, que la Vierge royale elle-même est la voie par où le Sauveur est venu, sortant de son sein, tel l’époux du lit nuptial. Suivant donc cette voie que, s’il vous en souvient, nous avons commencé à considérer dans notre précédent entretien, efforçons-nous, mes très chers fils, de monter par elle jusqu’à Celui qui, par elle, est descendu jusqu’à nous ; efforçonsnous de parvenir par elle à la grâce de Celui qui, par elle, est venu jusqu’en notre misère. Que par vous il nous soit donné d’avoir accès auprès de votre Fils, Vierge bénie qui avez découvert la source de la, grâce ! Vous, mère de la vie et du salutl Que par vous il nous reçoive, Celui qui, par vous., nous a été donné ! Que votre pureté sans tache lui fasse pardonner notre corruption, que votre humilité chère à Dieu nous obtienne le pardon de notre vanité ! Que l’abondance de votre charité couvre la multitude de nos péchés ; que votre fécondité glorieuse nous rende féconds en mérites. O notre souveraine, notre médiatrice, notre avocate, réconciliez-nous avec votre Fils, recommandez-nous à votre Fils, présentez-nous à votre Fils. O Vierge bénie, par la grâce que vous avez trouvée, par la prérogative que vous avez méritée, par la miséricorde que vous avez enfantée, faites que Celui qui par vous daigna participer à notre faiblesse et à notre misère, par vous aussi nous fasse participer à sa gloire et à sa béatitude, Jésus-Christ votre Fils et notre Seigneur, qui est, audessus de toutes choses, Dieu, béni éternellement ! Ainsi soit-il.



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