Homélie de Saint Grégoire de Naziance

Pour la fête de Pâques

Homéliaire patristique
dimanche 16 septembre 2007.
 

Je me tiendrai à mon poste de veille, dit l’admirable prophète Habacuc. Avec lui aujourd’hui, puisque le Saint-Esprit m’en a donné le pouvoir et le don, moi aussi, observant de loin, observant avec soin, je ne laisserai rien échapper de ce qui me sera mis devant les yeux ou me sera dit. M’étant donc arrêté, j’ai regardé de loin : et voici qu’un homme était debout sur les nuées, très haut dans le ciel ; son aspect était celui d’un ange et sa robe avait l’éclat de la foudre qui déchire l’air. Il étendit la main vers l’Orient et cria d’une voix forte ; sa voix avait la résonance de la trompette et, tout autour de lui, j’ai cru voir un attroupement de l’armée céleste ; et voici ce qu’il dit : « C’est aujourd’hui le jour, du salut pour le monde visible et invisible. Le Christ est ressuscité, ressuscitez avec Lui ; le Christ est redevenu Lui-même, revenez à vous. Le Christ est sorti du tombeau, affranchissez vous des chaînes du péché. Les portes de l’Enfer sont ouvertes, la mort est écrasée, on abat le viel Adam, on parfait le nouveau. Pour la rénovation qu’il y a en Jésus-Christ, redevenez neufs ! » Voilà quelles étaient ses paroles, et eux tous entonnaient l’hymne, déjà entonné lorsque le Christ se révéla à nous par sa nativité terrestre, Gloire à Dieu au plus haut des deux, et paix sur la terre aux hommes de bonne volonté.

M’associant à eux, à mon tour, je vous fais entendre ces paroles. Ah ! si je pouvais être gratifié d’une voix qui vaille celle des anges et qui fasse résonner les extrémités du monde !

C’est la Pâque du Seigneur, c’est la Pâque, oui la Pâque, redisons le encore, à la gloire de la Trinité. C’est pour nous la fête des fêtes, la solennité des solennités, qui éclipse toutes les autres - celles non seulement des hommes et qui sont purement terrestres ; mais aussi celles qui sont du Christ lui-même et qu’on célèbre en son honneur - comme le soleil éclipse les étoiles. Quel beau spectacle que ces vêtements éclatants et ces illuminations d’hier, notre œuvre à la fois personnelle et commune, où des hommes à peu près de toutes conditions et de tout mérite, embrasaient la nuit d’une vaste lueur ; et quel reflet de la grande lumière, que le ciel fait tomber en signaux brillants, illuminant tout l’univers de ses propres ornements, et de celle supra-céleste, que possèdent les anges : leur luminosité vient immédiatement en second rang, puisqu’elle est le produit de la luminosité première, que possède la Trinité, de qui procède toute lumière, fragments séparés de la lumière indivisible et tirant d’elle tout son prix. Mais plus belle encore est celle d’aujourd’hui, et plus éclatante. Car la lumière d’hier servait de précurseur à la grande lumière qui se lève, c’était comme un prélude joyeux à la fête.

C’est aujourd’hui que nous fêtons cette résurrection, qui n’est plus du domaine de l’espérance, mais désormais de la réalité, et qui entraîne avec elle l’univers tout entier. Que chacun donc célèbre l’événement par un don et offre son cadeau de fête, dans la mesure de ses moyens, modeste ou riche il n’importe, pourvu qu’il soit d’ordre spirituel et qu’il plaise à Dieu. Car un présent digne de Lui, les anges seraient à peine capables de le faire, eux les premiers, les possesseurs de l’intelligence, les plus purs, initiés et témoins de la gloire d’En-haut, - si toutefois ils ont reçu dans sa plénitude le pouvoir de célébrer Dieu. Pour nous, nous apporterons le sermons le plus beau et le plus soigné que nous ayons, célébrant avant tout le Verbe pour le bienfait que représente notre nature douée de raison. Tel sera mon point de départ : je ne puis souffrir en effet, dans cette homélie que j’offre comme un sacrifice pour la grande victime et le plus grand des jours, de ne pas m’élancer vers Dieu et de ne pas tirer de là mon exorde. Et vous, purifiez votre esprit, vos oreilles, votre raison, vous qui en faites le siège de la jouissance (car c’est sur Dieu que porte mon discours et il est chose divine), afin qu’en partant d’ici vous ayez connu la véritable jouissance, celle dont l’objet n’est pas vain...

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