Cinq discours sur Dieu

Le mystère de Dieu

mardi 24 juillet 2007.
 

3. Ce n’est pas à tout le monde, sachez-le, ce n’est pas à tout le monde qu’il appartient de discuter sur Dieu ; ce n’est pas quelque chose qui s’achète à bas prix et qui est le fait de ceux qui se traînent à terre. J’ajouterai : ce n’est ni toujours, ni devant n’importe qui, sur toute chose que l’on peut discuter, mais à certains moments, devant certaines personnes et dans une certaine mesure. Ce n’est point à tout le monde qu’il appartient de discuter sur Dieu, mais à ceux qui sont déjà éprouvés, qui sont avancés dans la contemplation et qui, avant tout, ont purifié leur âme et leur corps, ou tout au moins travaillent à les purifier. En effet, toucher la Pureté, sans être pur, c’est peut-être aussi imprudent que de regarder un rayon de soleil avec des yeux malades.

A quel moment peut-on discuter ? Lorsque la boue et le trouble du monde extérieur nous laissent du répit, lorsque la partie qui doit commander en nous n’est pas mêlée aux images pleines de soucis et fuyantes ; car ce serait comme si nous mélangions une belle écriture à des griffonnages ou des parfums à de la boue. Il faut en effet avoir vraiment du loisir, et ainsi connaître Dieu et, lorsqu’on aura fixé le temps pour cela (cf. Ps 74, 3), apprécier l’exactitude de la doctrine de Dieu.

Devant qui peut-on discuter ? Devant ceux qui traitent ces choses sérieusement et non pas comme une affaire banale ; il ne faut pas en discuter devant ceux qui ne voient là qu’un bavardage agréable après les courses, les spectacles, les chansons, les festins, les débauches, et qui considèrent comme un élément de leurs plaisirs les propos futiles tenus sur ces questions et l’habileté des objections. Sur quoi faut-il discuter, et dans quelle mesure ? Sur les questions qui sont à notre portée et en tenant compte des habitudes d’esprit et de la capacité de l’auditoire ; sinon, de même que les sons trop aigus ou les aliments trop lourds fatiguent les oreilles ou le corps - ou, si vous préférez, de même que les fardeaux trop pesants font mal à ceux qui les portent et que les pluies trop abondantes sont nuisibles à la terre, de même les auditeurs, accablés et surchargés par des paroles en quelque sorte trop lourdes, perdront même les forces qu’ils avaient auparavant.



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