Origène

Les amis au sens mystique,

Homélies sur saint Luc
vendredi 21 septembre 2007.
 

Et il dit aussi à celui qui l’avait convié : Quand tu fais un dîner ou un souper, n’appelle pas tes amis, ni tes frères, ni tes parents, ni de riches voisins ; de peur qu’eux aussi ne te convient à leur tour, et que la pareille ne te soit rendue. Mais quand tu fais un festin, convie les pauvres, les estropiés, les boiteux, les aveugles ; et tu seras bienheureux, car ils n’ont pas de quoi te rendre la pareille : car la pareille te sera rendue en la résurrection des justes. (Luk 14:12-14)

Fr. 83 - Lc, 14, 12

Ce texte nous exhorte, au sens littéral, à ne pas inviter des amis et des voisins, mais « des pauvres, des estropiés, des boiteux et des aveugles ». Mais si ce n’est pas de façon pédagogique qu’il dit cela et par manière de parabole, pour aider les plus simples dans la mesure du possible, il détourne des convenances : ce n’est pas l’oeuvre d’un sage d’inviter des pauvres qui ne sont pas croyants ou de ne pas inviter des croyants amis qui sont pauvres. Au sens mystique, les amis sont peut-être ceux qui jouissent raisonnablement des doctrines de la vérité ; les frères, ceux qui possèdent des doctrines soeurs et les parents, ceux qui se tiennent plus loin, mais veulent se rapprocher de nous du point de vue des doctrines, tandis que les voisins représentent ceux qui ne sont pas tout à fait éloignés des demeures de nos propres doctrines. Le mot « riches » s’applique à tous les termes précédents : le riche dans les doctrines qu’il croit vraies, invité à adhérer à celle qui est réellement vraie, lorsqu’il s’oppose à la vérité paraît inviter en retour celui qui l’enseigne. Puisque chez nous il n’y a pas « beaucoup de sages », mais quelques-uns seulement, on peut se demander s’il faut les inviter. Ceux qui annoncent des conférences publiques invitent les riches et non les pauvres : mais celui qui est au service des croyances vraies est débarrassé des discours inspirés par la vaine gloire. « Invite les pauvres », dit-il, c’est-à-dire ceux qui sont dépourvus de doctrine, pour les enrichir, « les estropiés », c’est-à-dire les esprits faussés, pour les guérir, « les boiteux », à la doctrine chancelante, « pour redresser leurs pas », « les aveugles », qui n’ont pas la faculté contemplative, pour qu’ils voient la vraie lumière. La phrase : « Ils ne peuvent pas te le rendre », signifie : ils ne savent pas mener un raisonnement par demande et réponse et de manière dialectique. Le déjeuner, ce sont les doctrines d’introduction, la morale, les textes de l’Ancien Testament ; le dîner, ce sont les doctrines mystiques des progressants ou celles du Nouveau Testament. « La résurrection des justes » est celle que Jean dans l’Apocalypse appelle la première.



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