Contre Celse

L’origine du mal

lundi 6 août 2007.
 

IV. Ensuite Celse déclare : L’origine du mal n’est pas facile à connaître pour qui n’est pas philosophe ; mais il suffit de dire à la foule que le mal ne vient pas de Dieu, qu’il est inhérent à la matière et réside dans les êtres mortels ; la période des êtres mortels est semblable du commencement à la fin, et, au cours des cycles déterminés, ont été, sont et seront nécessairement toujours les mêmes choses. Celse affirme que l’origine du mal n’est pas facile à connaître pour qui n’est pas philosophe, comme si le philosophe pouvait facilement la connaître, et comme si le non philosophe ne pouvait facilement apercevoir l’origine du mal, mais pouvait tout de même la connaître, quoique non sans effort. A cela je répondrai que l’origine du mal n’est pas facile à connaître même pour un philosophe ; peut-être même lui est-il impossible de la connaître purement, à moins que par inspiration divine ne soit manifestée la nature du mal, révélé son mode d’apparition, comprise la façon dont il disparaîtra. Ainsi l’ignorance de Dieu fait partie du mal, et le pire mal est de ne pas savoir la manière d’honorer Dieu et de lui manifester sa piété. Et cela, même au dire de Celse, certains philosophes ne l’ont pas connu du tout, et la diversité des écoles de philosophie le montre. Or pour nous, il est impossible de connaître l’origine du mal si on n’a pas reconnu que c’est un mal de croire la piété sauvegardée dans les lois établies des États compris au sens commun du mot. Impossible encore de connaître l’origine du mal si on n’a pas connu les enseignements sur le diable et ses anges, ce qu’il était avant de devenir un diable et la raison pour laquelle ses anges partagèrent son apostasie. Et il faut, pour pouvoir la connaître, avoir compris très exactement que les démons ne sont pas créatures de Dieu en tant que démons, mais, en tant que créatures raisonnables, et comment ils en sont venus à être tels que leur esprit les constitue dans leur état de démons. Donc, entre les questions ardues pour notre nature, exigeant des hommes un examen approfondi, on peut placer l’origine du mal.

Ensuite, comme s’il avait quelques secrets sur l’origine du mal, mais les taisait pour ne dire que ce qui est adapté aux foules, il ajoute qu’il suffit de dire à la foule sur l’origine du mal que le mal ne vient pas de Dieu, qu’il est inhérent à la matière et réside dans les êtres mortels. Or il est bien vrai que le mal ne vient pas de Dieu. Car selon notre Jérémie il est clair que : « De la bouche du Seigneur ne sortent pas le mal et le bien. » Mais pour nous il n’est pas vrai que la matière qui réside dans les êtres mortels soit la cause du mal. L’esprit de chacun est cause de sa malice personnelle : c’est elle le mal ; les maux sont seulement les actions qu’elle commande, et pour nous, à parler en rigueur de termes, rien d’autre n’est un mal. Mais je sais que le sujet requiert une discussion et une argumentation développées : grâce à un don de Dieu illuminant l’esprit, elles peuvent être menées à bien par celui que Dieu juge digne de pareille connaissance.



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