On dit parfois que nos contemporains n’ont plus le sens de la rédemption. - Il faut noter tout d’abord qu’ils ne comprennent pas ce que ce mot veut dire, pour des raisons très simples : parce que ce mot appartient à un milieu ethnique qui n’est plus le nôtre.
Le mot français rédemption, est une transcription du latin redemptio, qui vient de redimere : racheter. Le redemptor - qui a donné le français rédempteur - c’est celui qui rachète.
Le mot latin redemptio traduit le mot grec apolutrôsis, qui est employé une douzaine de fois dans le N. T. : Luc, 21, 28 ; Romains, 3,24 : 8, 23 ; I Cor. I, 3o ; Éph. I, 7,14 ; 4,30 ; Hébr. 9,15 ; II, 35.
Comme on le voit, le mot que l’on traduit en français par " rédemption " n’est employé qu’une seule fois dans les Évangiles...
Le mot grec apolutrôsis signifie : rachat d’un captif. Il provient du verbe apolutroô, qui signifie : délivrer moyennant rançon.
Le mot grec apolutrôsis ou plus exactement le verbe apolutroô traduit deux verbes hébreux : 1. Gaal 2. Padah.
Le verbe hébreu gaal signifie « racheter ». Ex. : Lév. 25, 33 : « Si quelqu’un rachète (quoi que ce soit) des Lévites... » (cf. Lév. 27, 13, 15, 19 (« racheter le champ ») etc. Le « racheteur » (= rédempteur), c’est le goel, participe du verbe gaal.
De Dieu, il est dit qu’il " rachète " Israël : Exode, 15, 13 ; Is. 43, I, etc. Ps. 9, 19.
Le verbe hébreu padah signifie aussi : « acheter pour libérer », d’où : « délivrer », « sauver ».
Les deux verbes hébreux qui signifient " racheter ", veulent dire, dans le contexte ethnique palestinien, " libérer ", puisque pour libérer celui qui avait été vendu ou était réduit en esclavage, il fallait le racheter.
Le rachat, la rédemption, c’est la libération. Le rédempteur, c’est le libérateur.
Les mots " rédemption ", et " rédempteur " ne disent rien à une oreille du XXe siècle. Tandis que " libération " signifie quelque chose. (Claude Tresmontant)