Ich-sagen / dire-Je / Ich / "je" / "moi" / faire-je / ahamkara / ahamkâra
Ahamkara signifie littéralement « effectuation - karo - du Je - aham - ». [...] « Faire Je » signifierait au départ « pousser le cri « je ». Et, de fait, le comportement linguistique comme Je, la prise de parole à la première personne, restera l’un des aspects permanents et constitutifs de l’ahamkara. Mais dire « je » signifie aussi bien se connaître comme « je », s’éprouver comme radicalement distinct des autres personnes, comme unique et incomparable. On gagne alors le registre psychologique et moral, celui de la vie quotidienne, ou plutôt de son reflet dans la littérature (poésie, conte, récit épique, théâtre, etc.). Ahamkara désigne ici tous les comportements où l’individu met en pratique son affirmation tacite du caractère unique et incomparable de sa propre personne, où il se consent à lui-même des exceptions exorbitantes par rapport aux règles morales ou sociales qu’il reconnaît sur un autre plan. Il est significatif à cet égard que le sanskrit ne distingue pas clairement entre ce que nous appellerions d’un côté « égoïsme », et de l’autre « orgueil ». Pris dans cette acception, l’ahamkara n’exprime pas un certain choix existentiel que l’on serait libre de faire ou de ne pas faire : tout homme, tout être vivant, est naturellement égoïste et orgueilleux, se voit lui-même comme un absolu, se préfère à l’univers entier.