Sophia

25/5/2010

Ernst Cassirer et la notion de forme symbolique

Classé dans: — admin @ 12:16 am

Essai de Jean Lassègue.

Cassirer, dans Substance et Fonction, en 1910, tente de constituer une épistémologie des sciences exactes et des sciences de la nature qui prendrait en compte les résultats actuels de ces sciences. C’était un projet qui se plaçait encore dans la lignée de la Critique de la Raison Pure de Kant : il s’agissait de déterminer les conditions transcendantales d’objectivité de la science. Le problème qui se pose est celui de la place que l’on accorde à la science dans le cadre de l’expérience humaine en général : or la science apparaît comme une activité extrêmement limitée qui ne fait pas le tour de l’expérience humaine. On comprend que ce soit à partir de Substance et Fonction qu’un tel problème se pose ; dans le livre en effet, Cassirer distingue deux paradigmes en science : le premier est le paradigme aristotélicien : la science manipule des concept génériques et les concepts dérivent des genres inscrits dans la Nature ; le deuxième est la paradigme galiléen : la science est une reconstruction fonctionnelle de type structural : les concepts sont d’essence mathématique et relient des éléments par des lois d’engendrement. C’est le deuxième paradigme qui apparaît à Cassirer comme le plus fécond. La science vit par une mathématisation continue qui recompose l’intégralité du réel, comme Leibniz l’a montré (et Cassirer avait écrit sa thèse sur Leibniz, dédiée à Hermann Cohen). La conséquence est que le cur des systèmes philosophiques est composé des concepts scientifiques qu’ils intègrent. A partir de Substance et Fonction, le point de vue de Cassirer va s’éloigner de cette position néo-kantienne et on peut avancer une hypothèse à ce changement de cap. J’aurais tendance à croire que Cassirer s’est trouvé confronté au même problème que celui auquel Husserl sera confronté dans la Crise des sciences européennes et la phénoménologie transcendantale (1935) quand il montre que la science moderne de Galilée occulte son propre fondement qui se trouve dans ce que Husserl appelle le “monde de la vie". Dans le cas de Cassirer, l’opposition entre les deux paradigmes, l’un de nature substantielle avec Aristote et l’autre de nature fonctionnelle avec le monde moderne à partir de Galilée, fait surgir un problème analogue :

« Au lieu de se borner à rechercher sous quelles conditions générales l’homme peut connaître le monde, il devenait nécessaire de délimiter mutuellement les principales formes suivant lesquelles il peut le “comprendre” […]. » (La Philosophie des Formes Symboliques, tome 1, p. 7)

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