Corbin (II2:41) – le theo-sophos
Aussi bien, lorsque Sohrawardî et ses confrères emploient l’expression hakîm ilâhî, le « sage divin » ou le « sage de Dieu », ce terme, rappelons-le encore, est la transposition exacte du grec theosophos. La hikmat ilâhiya, souvent la hikmat tout court, c’est la Theo-sophia [Cf. Prolégomènes II, pp. 20 ss.], le mot étant entendu dans son acception étymologique. La « Théosophie orientale » (ishrâqîya) c’est la sagesse du Sage qui cumule à la fois la plus haute connaissance spéculative et la plus profonde expérience spirituelle, laquelle peut être dite aussi étymologiquement spéculative, en ce sens qu’elle transmue l’être du sage en un spéculum, un pur miroir dans lequel se réfléchissent et qu’embrasent les pures Lumières se levant à l’Orient du monde spirituel. C’est sur cette base que sera fondée la hiérarchie des sages « orientaux » (infra § 2).
Le sage « oriental » parfait est un hakim mota’allih. Ce n’est pas simplement un mystique ayant une expérience du même ordre que celle de beaucoup de mystiques dépourvus de formation philosophique, ou croyant que celle-ci est superflue, voire dangereuse; ce n’est pas seulement un philosophe comme beaucoup d’autres philosophes qui ignorent la mise en pratique spirituelle, la « réalisation » personnelle de leur philosophie. L’expérience spirituelle intégrale de ce « théosophe », ce sophos ou sage de la Sophia divine, peut être caractérisée comme sophianique.
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